Un mauvais climat de travail est souvent causé par un problème de communication, mais il est plutôt rare de voir des relations se détériorer en raison d'un excès de communication.

C'est pourtant le cas au Service de police de la ville de Mont-Tremblant, où la Fraternité des policiers a déposé un grief pour harcèlement psychologique afin de protester contre le fait que l'employeur est en position de faire de l'écoute électronique de ses membres.

Toute l'affaire a débuté il y a un an, en mars 2018, lorsque l'employeur qui menait une enquête disciplinaire a remis au syndicat les éléments de preuve qu'il entendait défendre.

Le syndicat a constaté que les propos tenus en privé par un policier dans la salle des patrouilleurs du poste de police se retrouvaient dans cette preuve. Or, un interphone se trouve dans cette salle.

« On a compris que ce policier avait probablement été écouté. Des paroles qui avaient été prononcées - où il n'y avait personne d'autre de présent - étaient rapportées dans la preuve et la seule façon que c'était possible, c'est qu'on ait été écouté via l'interphone », a expliqué le président de la Fraternité des policiers de Mont-Tremblant, Serge-Alexandre Bouchard, en entrevue avec La Presse canadienne.

« Cet interphone n'avait jamais servi dans le passé. Les policiers ignoraient même qu'il fonctionnait et en plus, ils ont découvert que l'interphone pouvait être mis en fonction sans que personne ne le sache puisqu'il n'y a aucun témoin lumineux, aucune indication de sa mise en fonction. »

« Entendus à travers les murs »

La personne rapportant les propos dans le rapport disciplinaire soutenait les avoir « entendus à travers les murs ; nous on pense que c'est impossible », a tranché M. Bouchard.

La Fraternité a demandé à la direction soit de retirer l'interphone, soit d'y installer un voyant lumineux pour indiquer qu'il est en fonction. La direction du corps policier a refusé et le syndicat a ensuite essuyé des refus similaires et consécutifs de la direction, de la Ville et des élus.

La situation n'a cessé de se détériorer depuis : les syndiqués ont décidé de sortir du mobilier de la salle des patrouilleurs pour tenir leurs réunions dans le garage, où il n'y a pas d'interphone. Cette démarche a entraîné des sanctions disciplinaires qui ont elles-mêmes déclenché des procédures de griefs.

Le syndicat maintient sa demande soit de retirer l'interphone, soit d'y mettre un dispositif indiquant qu'il est en fonction, se disant même prêt à payer les coûts. Il entend poursuivre les démarches entourant sa plainte de harcèlement psychologique et amener tous les griefs en arbitrage si rien ne change.

M. Bouchard dit ne pas comprendre l'entêtement de la direction, faisant valoir que le climat de travail a toujours été excellent au sein du corps policier.

« La dernière négociation s'était très bien passée. La convention (collective) a été signée en 2016. Depuis 2011, nous avons déposé deux ou trois griefs qui ne s'étaient même pas rendus en arbitrage », fait-il valoir.

« Honnêtement, on avait un bon climat de travail avant. On s'explique vraiment mal comme la situation a pu changer comme ça du jour au lendemain. Là, on a environ une trentaine de griefs en 2018 et on en a six depuis le début de 2019.

"On veut que ça cesse et qu'on retourne à une ambiance de travail normale et humaine. On veut que ça revienne comme avant et qu'on enlève l'appareil. Il n'y a aucun policier qui s'est servi de ça en une quinzaine d'années. À la limite, s'il a une utilité opérationnelle, mettez une lumière et on est prêt à payer pour », laisse-t-il tomber.