L'homme à l'origine de la plainte qui a mené à l'arrestation d'Éric Salvail, identifié seulement par les initiales D.D., veut maintenant poursuivre l'ex-animateur et producteur au civil. Mais pour ce faire, il a besoin d'amasser des fonds pour payer des avocats : il a donc lancé une campagne de sociofinancement sur internet.

D.D., à qui nous avons parlé hier, a lancé sa campagne mercredi sur la plateforme GoFundMe. Au moment d'écrire ces lignes, il avait amassé 300 $. Son objectif est de 5000 $, une somme, indique-t-il, qui permettra à ses avocats « de faire les premières démarches » pour inscrire une poursuite au civil.

Le plaignant indique qu'il a déjà trouvé un avocat. Ce dernier lui a offert de prendre la cause « à forfait », c'est-à-dire qu'il prélèvera une partie de la somme qui sera remise au plaignant dans l'éventualité où Éric Salvail serait condamné à lui verser une somme en compensation des torts subis.

« Je suis le fameux D.D. », écrit-il dans le texte de présentation de sa campagne de souscription.

« Bien que la poursuite criminelle que je souhaite pour éviter qu'il ne fasse d'autres victimes soit ma priorité numéro un, cela ne réparera en rien les préjudices que j'ai subis et subis toujours. »

- D.D.

Il dit vouloir obtenir justice et « réparer une partie de mon être qui se trouve en lambeaux. Je suis prêt à prendre les coups pour protéger la société d'un agresseur. Êtes-vous prêts à m'aider pour que je trouve aussi justice pour moi-même ? ». Hier en fin de journée, quatre personnes avaient fait des dons de 50 $ à 100 $ à D.D.

Celui qui se retrouve, en bout de piste, à être le seul plaignant retenu par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) dans le dossier Salvail refuse d'évoquer les faits survenus en 1993, de crainte de nuire au processus judiciaire. Il indique cependant que les faits pour lesquels M. Salvail est accusé, qui remontent au tout début de sa carrière télévisuelle, sont survenus à Radio-Canada.

Décision de la CNESST contestée

En octobre 2017, quand l'article relatant les récits de victimes d'inconduites sexuelles de la part d'Éric Salvail a été publié dans nos pages, il dit avoir vécu tous les symptômes d'un choc post-traumatique. Dans la foulée du dépôt de sa plainte à la police, en novembre 2017, D.D. a aussi fait une demande d'indemnisation à la Commission des normes, de l'équité de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), demande que l'organisme a acceptée en septembre 2018. Depuis, la CNESST lui verse donc une compensation mensuelle.

Or, Radio-Canada conteste la décision de l'organisme et a officiellement enregistré une demande de révision en octobre dernier. Le document, que D.D. nous a fait parvenir, est signé par l'avocate Mélanie Rousselle.

« Pour eux, il n'y a pas eu de plainte officielle au moment des faits, donc, il ne s'est rien passé. »

- D.D.

Nous avons joint Stéphanie Coeurjoly, porte-parole de Radio-Canada, qui n'a pas souhaité commenter.

Rappelons que l'ex-animateur et producteur a été arrêté mardi à Montréal suite à un mandat émis par le DPCP, où figuraient trois chefs d'accusation d'agression sexuelle, de séquestration et de harcèlement criminel, pour des faits survenus entre avril et novembre 1993. Éric Salvail, qui s'est présenté volontairement à un poste de police, s'est refusé à tout commentaire.