La justice canadienne a refusé vendredi d'assouplir la liberté conditionnelle d'un ancien détenu canadien de Guantanamo qui souhaitait obtenir un passeport pour pouvoir aller faire le pèlerinage de La Mecque, en Arabie saoudite.

Omar Khadr, 32 ans, réside au Canada sous un régime de liberté conditionnelle depuis 2015, dans l'attente d'une décision en appel de sa condamnation à huit ans de prison par un tribunal militaire à Guantanamo.

Il demandait à pouvoir bénéficier d'un passeport canadien afin de faire le hadj, ce pèlerinage à La Mecque que chaque musulman doit effectuer au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens.

La juge June Ross du tribunal d'Edmonton, en Alberta, a motivé sa décision par le fait que, dans l'attente de son appel devant la commission militaire américaine, il est important que des conditions strictes encadrent sa liberté sous condition, selon les médias canadiens sur place.

Dans ces circonstances, les conditions restreignant ses mouvements sont « raisonnables », a-t-elle argumenté.

Elle a également refusé une nouvelle fois sa demande de pouvoir appeler librement sa soeur Zaynab, sans supervision. Les sympathies terroristes présumées de cette dernière, qui vit à l'étranger et qui soutenait Al-Qaïda, avaient fait l'objet d'une enquête au Canada il y a une dizaine d'années, mais elle n'a jamais été inculpée.

Né à Toronto dans une famille sympathisante d'Al-Qaïda, Omar Khadr était devenu à 15 ans le plus jeune détenu de la prison à Guantanamo après sa capture en Afghanistan en 2002 et son transfert sur cette base américaine, à Cuba.

À Guantanamo, il avait été condamné en 2010 à huit ans de prison par un tribunal militaire d'exception pour avoir jeté une grenade sur les forces armées américaines en Afghanistan, tuant un sergent et blessant un soldat.

Il soutient avoir alors plaidé coupable simplement pour échapper à l'enfer de Guantanamo et être, en échange, rapatrié au Canada. Le jeune homme affirme aussi que ses aveux lui ont été extorqués sous la torture.

Extradé vers le Canada en 2012, il avait finalement été libéré sous conditions en 2015 et s'est depuis marié.

Le gouvernement du Canada lui a versé 10,5 millions de dollars en 2017 pour régler à l'amiable une action en justice qu'il avait entamée.

En 2010, la Cour suprême du Canada avait estimé que le gouvernement avait violé ses droits constitutionnels en envoyant des responsables participer à des interrogatoires américains à Guantanamo.