Une avocate criminaliste de Montréal vient d'être épinglée par son ordre professionnel pour avoir suggéré qu'un juge soit soumis à un examen psychiatrique et avoir traité des confrères de menteurs.

Véronique Robert, qui a oeuvré dans plusieurs dossiers qui ont fait la manchette au cours des dernières années, devra revenir devant le conseil de discipline pour connaître sa sanction.

« J'ai toujours su qu'il n'allait pas bien, mais cette fois-ci le Conseil de la magistrature doit demander un examen psychiatrique », a-t-elle écrit dans un groupe Facebook en mai 2016, à propos d'un juge.

Son commentaire était accessible aux 400 criminalistes membres du groupe virtuel, mis sur pied pour discuter entre eux. L'un des internautes a fait parvenir une copie du message à un juge, qui l'a transmis au Barreau.

Dans les mois qui ont précédé l'écriture du message, Me Robert était impliquée dans le mégaprocès qui a suivi l'opération Diligence, sur l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction. « Le climat est intense » et les relations entre poursuite et défense, dont fait partie Me Robert, « sont très tendues », résume le conseil de discipline dans la décision rendue publique plus tôt cette semaine.

C'est dans ce contexte que l'avocate a rédigé un document accusant un procureur de la Couronne d'être « prêt à mentir à la Cour et dans ses procédures pour avoir la peau d'un accusé », puis a carrément traité un autre procureur de « menteur » devant un juge.

« Hautement dérogatoire »

Véronique Robert « a franchi les barrières de la courtoisie et de la civilité de manière qui est constitutive de faute déontologique », a écrit le conseil de discipline dans sa décision.

L'avocate « aurait pu attaquer la conduite et même l'intégrité de ses confrères en utilisant des propos forts sans se livrer à des propos indignes de la profession, tout en servant les intérêts de son client », ont ajouté les trois membres du conseil.

Quant à ses propos sur la santé mentale d'un juge, le conseil les a qualifiés de « hautement dérogatoires ». « Les avocats doivent soutenir l'autorité des tribunaux », a-t-il précisé.

Pas de commentaire

Jointe par La Presse, Véronique Robert n'a pas voulu commenter le verdict.

Devant ses juges, la criminaliste s'est notamment défendue en plaidant le niveau de tension insupportable lié au mégaprocès. « Elle était épuisée, relate la décision. Elle ne dormait pas assez. Le procès devant jury durait depuis un an et la tension entre les avocats en poursuite et en défense était insupportable. Elle avait le sentiment que son client n'était pas traité de manière équitable et que les procureurs de la poursuite avaient agi de façon injuste envers lui. »

Quant au commentaire sur Facebook, Véronique Robert a plaidé qu'il s'agissait d'une simple blague qui ne pouvait pas constituer une faute déontologique puisqu'elle avait été diffusée sur un groupe Facebook privé. Avec 400 membres dans le groupe, cette attente de confidentialité « n'était ni réaliste ni raisonnable dans les circonstances », lui a répondu le conseil de discipline.