Denis Paquette, 68 ans, l'un des quatre hommes qui ont comploté en 2013 pour enlever le président de la Banque Royale, le menotter à une valise bourrée d'explosifs, s'en servir comme otage et dévaliser les chambres fortes de l'institution bancaire, pourra aller en maison de transition, après avoir passé cinq ans et demi derrière les barreaux.

Paquette et trois autres vétérans braqueurs, dont un ancien associé de Marcel Talon, avaient été arrêtés par les enquêteurs des Crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal alors qu'ils étaient assis dans une camionnette louée et qu'ils visionnaient des moniteurs télé. Paquette et les autres avaient garé un autre véhicule devant la maison de leur cible et y avaient installé une caméra pour observer ses allées et venues.

Leur but était d'enlever le président de la Banque Royale, de le menotter à une valise contenant une bombe activée à distance, de l'amener sur son lieu de travail, à la Place Ville Marie, au centre-ville de Montréal, et d'avoir accès aux chambres fortes où les camions blindés livrent les billets de banque, en menaçant de le faire sauter.

Durant son audience devant les commissaires aux libérations conditionnelles, Paquette a raconté avoir accepté de participer à ce complot à la demande d'une connaissance et pour faire un important coup d'argent. Il a expliqué que son rôle consistait à conduire la camionnette devant servir à l'enlèvement, et que des bidons d'essence trouvés par les policiers devaient servir à brûler le véhicule après le crime, pour effacer les traces. 

Il a aussi accepté d'entreposer chez lui du matériel devant servir au plan. Dans son logement situé dans une maison de retraite, les policiers ont trouvé des armes et munitions, une veste militaire, une cagoule, des menottes et une bombe artisanale de type tuyau.

Boucliers humains et fusil sur la tempe

Paquette baigne dans la criminalité depuis 1968. Il en est à sa troisième peine fédérale (plus de deux ans). En 1978, il a dévalisé une banque avec un complice. Pendant que ce dernier faisait le guet, Paquette a ramassé l'argent en bousculant les caissières, selon la décision de sept pages rédigée hier par la Commission des libérations conditionnelles du Canada. 

En 1981, lors d'un vol dans un bar, il s'est servi de deux clients comme boucliers et a ouvert le feu sur ses poursuivants. Deux personnes ont été blessées par balles. Enfin, en 1988, lors d'un vol dans une banque, Paquette a pris une caissière en otage et lui a pointé son fusil sur la tête avant que des policiers dépêchés sur les lieux le blessent par balles et l'arrêtent. Il avait été atteint à la tête et s'en est miraculeusement sorti vivant.

Mais depuis son incarcération, Paquette a maintenu un comportement conformiste, suivi deux programmes de réhabilitation, et il s'est montré ouvert avec ses agents de libération. 

Une fois libéré, Paquette veut faire du bénévolat auprès des personnes âgées et s'impliquer auprès des alcooliques et des détenus. Il demandait sa libération conditionnelle totale, mais les commissaires ont refusé. Ils l'envoient en maison de transition, mais pour six mois, pour commencer.

« La Commission retient que ce délit grave qui comporte une grande préparation et une planification sophistiquée aurait pu avoir des conséquences irréversibles. Il s'insère dans votre schème de pensée et de valeurs délinquantes, de votre propension à vouloir faire de l'argent facile au mépris des normes sociales. Il met en évidence votre difficulté à abandonner complètement le monde dans lequel vous avez longtemps évolué. Cependant, depuis cette présente incarcération, vous semblez vouloir changer votre mode de vie », écrivent notamment les commissaires. 

Paquette ne pourra fréquenter toute personne étant impliquée dans des crimes.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.caou écrivez à l'adresse postale de La Presse.