Un gîte montréalais dont les propriétaires se targuent d'organiser des «bachelor partys» pendant lesquels des effeuilleuses font des spectacles érotiques et jouent au «beer pong» la poitrine nue est dans la ligne de mire des avocats de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Son service juridique vient d'autoriser une poursuite contre l'endroit pour faire respecter les règlements municipaux.

L'immeuble en question, rue Sainte-Famille, est décrit comme un «manoir pour célibataires» situé dans un «endroit idéal pour la fête». Le registre foncier indique qu'il appartient à une société à numéro dont le principal actionnaire est Connected Montreal, une entreprise qui planifie des tournées «d'alcool et de débauche» pour célibataires à travers la ville. Son site web se targue d'organiser des «soirées de poker avec croupières aux seins nus», des dégustations de «sushis sur des mannequins topless» et des petits déjeuners «legs and eggs» concoctés, encore une fois, par des femmes dénudées pour aider les clients à se remettre d'une cuite de la veille.

En mai 2017, le site de Connected Montreal affichait une série de photos de mannequins en petite tenue prises dans le manoir pour en faire la promotion. Airbnb avait cessé d'annoncer l'immeuble sur sa plateforme lorsque La Presse avait révélé la nature de certaines activités qui s'y déroulaient.

Au fil des mois, de nombreux voisins se sont plaints du vacarme en provenance de l'immeuble, particulièrement les week-ends, lorsque les clients reviennent éméchés à la sortie des bars. Une pétition a été signée par une vingtaine de personnes pour inciter la Ville à agir. Un voisin, qui a requis l'anonymat par crainte de représailles, affirme avoir récemment vu des femmes en sous-vêtements à travers la fenêtre de l'immeuble.

Recours juridique

Une motion adoptée par l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal la semaine dernière autorise son service juridique à intenter un recours judiciaire allant jusqu'à l'injonction pour faire cesser les activités dans le gîte ainsi que dans un immeuble voisin. Morgan Sweibel, propriétaire des deux immeubles, joint par La Presse en tentant de parler aux administrateurs de Connected Montreal, a dit n'avoir «aucune affiliation quelle qu'elle soit» avec Connected Montreal.

«Je travaille avec eux, ils me fournissent des clients, mais c'est une entreprise séparée.»

«Je ne joue pas avec les mots. Une des sociétés est une entreprise de "bachelor partys", l'autre est un gîte. Plusieurs entrepreneurs possèdent différentes compagnies. Ça fait partie d'être un entrepreneur», a-t-il justifié.

«Ces endroits ne sont pas utilisés pour des "bachelor partys"», a poursuivi M. Sweibel, affirmant qu'aucun rapport de police n'a jamais été transmis à son entreprise pour faire part de plaintes. «Nous avons des clients qui viennent en groupe et qui louent les chambres individuellement, mais l'endroit n'est jamais loué comme une maison complète pour des fêtes de célibataires en tant que telles.»

M. Sweibel reconnaît être en contact avec l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal au sujet de ces immeubles. Les élus de l'arrondissement n'ont pas voulu commenter leur décision d'autoriser un recours, compte tenu de sa judiciarisation probable.