Un prêtre du Vatican, des responsables d'oeuvres de bienfaisance et des membres de sa famille ont eu beau avoir de bons mots pour Giuseppe Violi, cela n'a pas empêché un juge de condamner le deuxième fils du défunt parrain de la mafia montréalaise Paolo Violi à 16 ans de pénitencier pour trafic de drogue, aujourd'hui, à Milton, en Ontario.

Juste avant de recevoir sa sentence, l'homme de 47 ans a embrassé le plus jeune de ses quatre enfants, né dimanche dernier, âgé de quelques jours à peine. Il lui a souri tendrement avant de prendre le chemin des cellules.

Giuseppe Violi, son frère, Domenico et d'autres individus ont été arrêtés en novembre dernier à l'issue d'une enquête de trois ans baptisée Otremens et menée par la Gendarmerie Royale du Canada. Au cours de l'enquête, un agent, que les policiers avaient infiltré dans le clan Bonanno de la mafia new-yorkaise, a fait des affaires avec Giuseppe Violi, selon un résumé des faits déposé en cour. Par le biais de cet agent, Violi a comploté pour importer au Canada entre 200 et 300 kilos de cocaïne, et a trafiqué un kilo de cocaïne et plus de deux kilos de fentanyl, un opioïde 40 fois plus puissant que l'héroïne qui fait des ravages dans l'ouest canadien et aux États-Unis. Ce qui a grandement compromis Violi, c'est que l'agent l'envoyait, lui ou ses sbires, rencontrer d'autres individus qui se faisaient passer pour ses associés, mais qui étaient en réalité des agents doubles de la police. Violi a également envoyé sur des appareils de type PGP des messages textes cryptés compromettants qui étaient scrupuleusement interceptés et conservés par les policiers.

Violi a plaidé coupable à quatre chefs de complot et trafic de cocaïne et de fentanyl, et a été condamné à 16 ans de pénitencier par le juge R.J. LeDressay de la cour de Milton, près de Toronto, malgré le dépôt d'une dizaine de lettres d'appui.

«Pas une mauvaise personne»

Un prêtre, Francesco Cucchi, qui se décrit comme un historien de l'art à la Basilique Saint-Pierre de Rome et membre de l'Ordre de Malte, a écrit avoir connu la famille Violi lors d'un voyage au Canada en 2015 et l'avoir souvent côtoyée après s'être établi à Hamilton, il y a un an. Il a décrit Giuseppe Violi comme une personne drôle et patiente, qui lui a donné des cours de conduite à bord de son VUS. «Il m'a dit plusieurs fois qu'il pourrait être un meilleur catholique, car il va rarement à la messe, mais il m'a demandé de baptiser son fils. Je sais que la famille Violi a un mauvais passé, mais il me semble être une bonne personne, peut-être un peu trop extravertie, mais pas mauvaise», explique le prêtre.

Un technicien-paramédical, Mario Posteraro, a écrit que Giuseppe Violi ne disait jamais non quand venait le temps de donner de l'argent à la Fondation du coeur ou à la Fondation canadienne de l'autisme.

Sa soeur, Nancy Violi, a rappelé que leur père est mort lorsqu'ils étaient jeunes, et que Giuseppe et son frère plus âgé, Domenico - toujours accusé dans cette affaire - ont soutenu la famille et sont devenus les figures paternelles. Elle a souligné le fait que Giuseppe et sa famille hébergent leur mère, Grazia.

Cette dernière a rapidement quitté Montréal pour retourner dans sa famille, à Hamilton, après le meurtre, en février 1978, de son mari, Paolo Violi, victime du putsch naissant des Rizzuto qui cherchaient à prendre la direction de la mafia montréalaise.

Giuseppe Violi a quatre enfants, tous âgés de moins de quatre ans. Officiellement, il dirige une buanderie industrielle.

- Avec la collaboration de Peter Edwards du Toronto Star