Un ancien membre du « bureau du président » de SNC-Lavalin dit avoir contacté la GRC aujourd'hui pour donner sa version des faits et démontrer qu'il n'a rien à cacher, dans le cadre de l'enquête sur des pots-de-vin versés à un haut responsable fédéral canadien.

La Presse révélait ce matin que la police a mené une nouvelle perquisition chez SNC-Lavalin en mars. Les enquêteurs cherchent à démontrer que l'entreprise a fraudé le gouvernement en versant 2,35 millions en pots-de-vin à l'ancien PDG de la Société des ponts fédéraux, Michel Fournier.

Fournier a été condamné à cinq ans et demi de pénitencier, mais les « corrupteurs » qui lui ont versé l'argent n'ont pas encore été arrêtés. Des documents déposés en cour dans le cadre de la perquisition de mars dernier démontrent que la police y travaille.

Intérêt policier

La GRC s'intéresse notamment au rôle de Michael Novak, ancien membre du bureau du président de l'entreprise et ancien président de sa division SNC-Lavalin International. Les enquêteurs affirment qu'il a autorisé des paiements basés sur des ententes fictives avec des « agents » censés représenter la firme québécoise à l'étranger.

On prétendait payer un « agent » en Libye ou en Algérie, mais l'argent débloqué était en fait versé à Michel Fournier à titre de pots-de-vin. M. Novak savait ou aurait dû savoir que les ententes de paiement étaient fictives, selon les policiers.

« M. Novak avait la responsabilité de s'assurer que les conventions de représentations signées par SNC-Lavalin international respectaient non seulement les normes et politiques internes de la compagnie, mais également les lois et règlements canadiens applicables », lit-on dans les documents.

Un simple rôle administratif

M. Novak a dit avoir approché la GRC pour expliquer que la division SNC-Lavalin International, dont il a été président, n'avait qu'un simple rôle administratif dans le cadre des contrats avec des « agents » étrangers. Elle devait s'assurer que les politiques de l'entreprise étaient suivies, que les contrats contenaient les dispositions appropriées (dont une clause anticorruption) et s'assurer que les paiements étaient faits en conformité avec le contrat.

Sa division ne choisissait pas les « agents » étrangers, les projets sur lesquels ils travaillaient, les tâches qui leurs étaient confiées et les modalités de paiement, insiste-t-il. Il ajoute avoir agi « sur la base d'une confiance dans l'honnêteté et la bonne foi de [ses] collègues ».

« Je clarifie donc mon rôle dans cette affaire et de ce fait même démontre d'une façon concrète qu'effectivement, une fois les faits correctement établis, il n'y aura absolument rien à me reprocher », conclut-il.

Jusqu'ici, au moins une dizaine d'anciens gestionnaires et employés de SNC-Lavalin ont fourni des déclarations à la police dans le cadre de cette enquête, révèlent les documents déposés à la cour.