Le commissaire de l'Unité permanente anticorruption, Robert Lafrenière, a du nuancer l'affirmation voulant que son escouade ne procèderait pas à des arrestations durant la période électorale.

Celui qui avait soutenu «n'avoir rien à cirer de l'agenda politique» a été questionné mardi par les députés Stéphane Bergeron et André Spénard à la commission parlementaire chargée d'étudier les crédits du ministère de la Sécurité publique. «Si vous n'avez rien à cirer de l'agenda politique, comment pouvez-vous expliquer la déclaration voulant que vous ne feriez aucune arrestation durant la période électorale?», a lancé le péquiste Bergeron. Pour M. Spénard de la CAQ, il faut s'inquiéter si pour M. Lafrenière «la justice doit s'arrêter le 29 août et reprendre le 1er octobre. On ne procèdera pas à des arrestations de peur d'influencer le vote!»

Robert Lafrenière a accusé le coup: «J'ai peut-être poussé le bouchon un peu loin, j'ai été fort un peu», a-t-il déclaré. Si les enquêteurs de l'UPAC constatent qu'un témoin risque de leur filer entre les doigts ou que de la preuve va être détruite, il est certain que l'escouade interviendra, campagne électorale ou non, a-t-il soutenu.

En revanche, il n'y aura pas d'arrestation susceptible de «déséquilibrer» le débat démocratique en campagne. Durant des campagnes électorales municipales ou provinciales dans le passé, l'UPAC avait reçu des dénonciations qui provenaient de partis en lice. «Ils voulaient nous amener à rencontrer des gens pour pouvoir s'en servir au niveau politique. C'est ce que je veux éviter. Je ne pense pas qu'il soit adéquat qu'on serve de levier politique, de quelque façon que ce soit», a indiqué M. Lafrenière.

Six mois après l'arrestation du député libéral de Chomedey Guy Ouellette, l'enquête est toujours en pause. Des discussions ont toujours cours entre les avocats de l'UPAC et ceux de l'Assemblée nationale pour décider si le matériel saisi chez le député Ouellette doit être accessible aux policiers, a expliqué M. Lafrenière.

Sur les allégations de malversation dans les transactions de la Société québécoise des infrastructures - la Société immobilière du Québec à l'époque -, le commissaire Lafrenière a souligné que l'enquête se poursuivait, après plus de sept ans de travail. En matière de crime économique, les investigations sont toujours «extrêmement complexes», a-t-il fait valoir.

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a pour sa part affirmé qu'il prenait «bonne note» des commentaires de Robert Lafrenière, ajoutant que sa «crainte, c'est qu'on va aller en élection sans que les Québécois sachent quelle est la nature des accusations qui sont portées [contre des libéraux]».

«Les enquêtes doivent [se poursuivre] même pendant la campagne électorale. Plus les Québécois ont d'information, plus ils sont en bonne position pour voter en bonne connaissance de cause», a pour sa part affirmé le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. 

- Avec Hugo Pilon-Larose