Alexandre Coderre, le fils de l'ex-maire Denis Coderre, s'en tire sans casier judiciaire pour avoir fraudé 16 000 $ à des banques et des fournisseurs internet pendant plus d'un an, à l'insu de sa famille. La juge Sylvie Durand a imposé une absolution conditionnelle à l'étudiant de 22 ans en considérant la forte médiatisation de l'affaire comme un facteur atténuant.

«On ne parle pas ici d'une personne publique qui a commis un crime. Si le cas d'Alexandre Coderre est fortement médiatisé, c'est qu'il est le fils de celui qui est alors maire de Montréal, autrement son dossier aurait figuré parmi les autres dossiers, ni plus ni moins», a expliqué la juge Durand.

Alexandre Coderre portera ainsi ce «stigmate longtemps» en raison de l'importante couverture médiatique. « Il suffira de faire une recherche à son nom sur le web pour que cet épisode de sa vie remonte à la surface et continue à le stigmatiser », a soulevé la juge dans sa décision rendue mardi après-midi au palais de justice de Montréal. Les parents de l'accusé étaient présents dans la salle.

Alexandre Coderre a plaidé coupable l'automne dernier à un chef d'accusation de méfaits et à quatre chefs d'accusation de fraude de moins de 5 000 $. Aux prises avec une cyberdépendance, le jeune homme avait dépensé des sommes importantes sur internet qu'il était incapable de rembourser. Ainsi, en 2015 et 2016, il a contacté des banques pour contester ces transactions sur ses cartes de crédit, prétendant avoir été victime de fraude.

Son père, Denis Coderre, alors maire de Montréal, a alors informé le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Philippe Pichet que son fils avait été victime de fraude et de vol d'identité. Il voulait alors «protéger sa famille», a témoigné Denis Coderre pendant les observations sur la peine.

La juge Durand a énuméré de nombreux facteurs aggravants en vue de l'imposition de la peine : la période des crimes qui s'est échelonné sur 18 mois, les sommes «considérables» fraudées, les nombreuses occasions de l'accusé de mettre fin aux enquêtes policières et planification et la préméditation du système frauduleux.

Aussi, la juge a rappelé qu'Alexandre Coderre avait réinitialisé son cellulaire et en avait retiré la carte SIM, même s'il savait que ses appareils électroniques étaient visés par un mandat de perquisition.

Mais son jeune âge, son absence d'antécédents criminels, son statut d'étudiant à temps plein, la forte médiatisation de sa cause et son problème de cyberdépendance ont été pris en considération par la juge pour l'imposition d'une absolution conditionnelle, assortie d'une probation de deux ans et de 240 heures de travaux communautaires.

Alexandre Coderre a un «brillant avenir devant lui», a indiqué la juge. De plus, l'imposition d'un casier judiciaire « nuirait » à sa future carrière de journaliste sportif qui pourrait être appelé à voyager aux États-Unis.

La poursuite réclamait une condamnation avec sursis et une probation de deux ans.

L'ex-maire Denis Coderre ne s'est pas adressé aux médias à sa sortie de la salle.