Un oncologue vedette de l'Hôpital général juif vient d'être durement critiqué par la justice pour avoir caché le testament de sa propre mère afin - croit un juge - de demeurer dans les bonnes grâces du veuf multimillionnaire de celle-ci.

Le médecin Richard Margolese s'est adressé à la justice après avoir été finalement déshérité par son beau-père, le richissime homme d'affaires Abe Gold, quelques mois avant sa mort en 2013. 

Il s'agit d'une histoire « d'avarice scandaleuse et de tromperie par des membres éminents de la société », a décrit le juge Paul Mayer, de la Cour supérieure, dans son jugement rendu la semaine dernière.

« Sa honteuse malhonnêteté est lamentable », poursuit-il à propos de l'oncologue, qui compte porter la décision en appel.

Les deux hommes ont reçu l'Ordre du Canada :  M. Gold en 2005 pour « des décennies de générosité et d'altruisme » et le Dr Margolese en 2009 pour avoir « amélioré la qualité des soins aux malades dans toutes les régions du pays ». Le Dr Margolese a dirigé l'Institut national du cancer du Canada et la Société canadienne du cancer.

PROMESSE DE 1 MILLION

Mais les honneurs à l'actif du médecin n'ont pas ému le juge Mayer, qui a rejeté ses prétentions. Richard Margolese souhaitait, plusieurs années après la mort de sa mère survenue en 2006, faire valoir son testament, dont il est en partie bénéficiaire, afin d'obtenir une part du patrimoine familial du couple. 

Abe Gold avait fait fortune dans le commerce de détail - il a notamment dirigé la chaîne Mark & Spencer Canada - avant de se tourner vers la philanthropie.

Alors que la responsabilité lui en incombait, le Dr Margolese n'avait pas évoqué l'existence d'un testament au moment de la mort de sa mère. 

« On peut présumer que le Dr Margolese a pris une décision réfléchie et a décidé de ne pas causer d'ennuis en réclamant à ce moment sa part du patrimoine familial », écrit le juge Mayer. À cette époque, M. Margolese « nageait dans l'argent d'Abe », qui acquittait pour lui de multiples dépenses et promettait de lui léguer 1 million  à sa mort.

Mais un an avant sa mort, M. Gold a convoqué M. Margolese : sa fortune diminuait et il n'aurait plus les moyens de remplir son engagement, lui aurait-il expliqué.

« UNE OFFENSE SÉRIEUSE »

« Cacher un testament est une offense sérieuse, écrit le magistrat. Il a clairement placé ses intérêts devant ceux des autres héritiers de Harriet [sa mère]. Il n'était pas désintéressé ou honnête. » Ces autres héritiers étaient ses neveux et ses nièces, les enfants de sa soeur.

Le Dr Margolese prétendait qu'il ne comprenait pas le concept du patrimoine familial au moment de la mort de sa mère et ne doit donc pas être puni pour son silence quant à l'existence du testament. Le juge Mayer n'a rien voulu entendre : affirmant que le médecin n'était « pas un ignorant de la campagne », il a tranché qu'il aurait dû agir bien plus tôt, au plus tard trois ans après la mort de sa mère. Il a toutefois ajouté que ses neveux et nièces pourraient bien avoir une cause s'ils souhaitaient le poursuivre pour leur part de l'héritage.

« Mon client m'a confirmé que nous allions définitivement loger un appel quant au jugement », a indiqué par écrit Alan Stein, avocat de Richard Margolese. M. Stein « soumet respectueusement que le juge du procès a commis plusieurs erreurs manifestes en droit et en faits dans sa décision ».