L'absence de suivi des voitures modifiées envoyées à l'inspection permet à des bolides dangereux de continuer à rouler, dénonce un coroner qui s'est penché sur la mort d'un jeune homme au volant de sa voiture transformée en « véhicule de course ».

La voiture qui s'est transformée en tombeau pour Alex Philippsen, 22 ans, en octobre 2016 à Warwick, dans le Centre-du-Québec, avait reçu un avis exigeant une inspection 11 mois avant l'accident, mais ne l'avait jamais passée.

« Il n'y a pas de suivi sur de tels avis, soit par les corps policiers ou par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), sinon qu'à la limite, un billet d'infraction sera émis », a déploré le coroner Pierre Bélisle dans un rapport obtenu par La Presse. « Dans la mesure où l'amende réclamée est acquittée, le dossier s'arrête là... sans qu'on ne s'assure que le véhicule soit soumis à une vérification mécanique avant de pouvoir circuler. »

Résultat : des véhicules potentiellement dangereux sur les routes. « Une situation inacceptable, dit le coroner Bélisle. Cette faille constitue un grave danger pour la sécurité de la population. »

La BMW 1997 modifiée d'Alex Philippsen n'avait plus de coussins gonflables, son volant n'était pas réglementaire, et le siège du conducteur était mal fixé à la voiture, a révélé l'expertise effectuée après l'accident.

Mais c'est avant le jour fatidique où Alex Philippsen a frappé un poteau électrique, après une soirée arrosée, qu'un mécanicien aurait dû se pencher sur sa voiture, dit le coroner Bélisle.

« Dans le fond, ce qui semble les intéresser, c'est de collecter les sous de l'amende, et la sécurité semble passer par en dessous, a-t-il dit en entrevue. Il n'y a personne qui fait un suivi. »

Son rapport recommande à la SAAQ de réviser ses procédures.

« IL NE S'EST VRAIMENT PAS DONNÉ DE CHANCES »

L'organisme n'a pas voulu commenter le dossier. Le porte-parole Mario Vaillancourt a affirmé qu'une réponse venait d'être envoyée au coroner Bélisle et que, par courtoisie, l'organisation souhaitait qu'il puisse en prendre connaissance en premier.

Me Bélisle est loin d'être certain que l'accident aurait été évité si le véhicule avait été mis au rancart. « Le monsieur était en état d'ébriété passablement avancé », a-t-il dit. Son rapport ajoute qu'il « aimait la vitesse et était connu des policiers pour quelqu'un à qui on avait décerné fréquemment des billets d'infraction ».

Le coroner Bélisle pense que M. Philippsen ne se serait « probablement » pas tué, s'il avait été assis dans un habitacle plus sécuritaire, mais il n'en est pas certain.« Il roulait en fou dans la rue, c'était glissant, il avait un véhicule avec des pneus usés, avec une suspension qui laissait à désirer, pas de coussins gonflables, des sièges mal boulonnés, un plancher dont les soudures n'étaient pas correctes. Il ne s'est vraiment pas donné de chances. »

Le frère de M. Philippsen était dans le siège passager de la voiture. Il a réussi à s'extirper de la voiture et a survécu à l'accident.

Photo tirée de Facebook

Alex Philippsen