La Gendarmerie royale du Canada (GRC) persiste et signe : la légalisation de la marijuana ne permettra pas d'éliminer le crime organisé du commerce illicite de cette drogue, malgré les prétentions du gouvernement Trudeau.

Témoignant devant un comité du Sénat, hier, le commissaire par intérim de la GRC, Kevin Brosseau, a mis en doute les affirmations du premier ministre Justin Trudeau et des ministres responsables de la légalisation du cannabis au sein du gouvernement fédéral selon lesquelles il est impératif de légaliser cette drogue pour écarter le crime organisé du marché noir de la marijuana qui lui permet d'empocher une fortune.

« Étant donné l'étendue de l'implication du crime organisé dans le marché illicite du cannabis, nous ne nous attendons pas à ce que ce projet de loi élimine la présence du crime organisé dans le marché du cannabis. Ça va le réduire, mais cela ne va pas l'éliminer », a affirmé le commissaire Kevin Brosseau, en réponse à une question du sénateur Pierre-Hugues Boisvenu.

« En ce qui me concerne, le crime organisé est en constante évolution. Parfois, il a un pas d'avance sur nous », a-t-il ajouté, alors que le comité des affaires juridiques et constitutionnelles du Sénat entreprenait l'étude du projet de loi C-46 visant à durcir notamment les peines pour la conduite avec les facultés affaiblies par la drogue.

« C'est difficile de déterminer ou de prédire le rôle du crime organisé dans le marché du cannabis, une fois que la consommation de la marijuana sera légalisée. »

- Kevin Brosseau, commissaire par intérim de la GRC

Le commissaire par intérim de la GRC a tenu ces propos quelques minutes seulement après que le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, eut réitéré que l'un des principaux objectifs du gouvernement Trudeau, en légalisant la marijuana, était d'éliminer la présence du crime organisé du commerce du trafic de cette drogue.

Ce n'est pas la première fois que la GRC se montre dubitative quant aux conséquences de la légalisation de la marijuana sur l'emprise du crime organisé sur le commerce illicite du cannabis. En septembre dernier, la commissaire adjointe des opérations criminelles de la GRC, Joanne Crampton, a déclaré devant un comité des Communes qu'il serait « naïf » de croire que l'on pourra extirper le crime organisé du marché du cannabis, une fois légalisé.

Plus tôt cette semaine, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a également émis des doutes sur les prétentions du gouvernement Trudeau, affirmant que le crime organisé a déjà modifié ses stratégies pour déjouer les forces de l'ordre en prévision de la légalisation du cannabis, prévue au début de juillet.

« Le crime organisé, le mot le dit, il est organisé. Il s'ajuste à la réalité du marché, Je peux vous dire qu'on a déjà l'information révélant qu'ils se sont réorganisés [en fonction de la légalisation du cannabis] », a notamment affirmé le porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière, au Journal de Montréal.

Devant le comité, hier, le commissaire par intérim Kevin Brosseau a soutenu que la GRC mettait les bouchées doubles afin de former le plus rapidement possible des policiers en prévision de la légalisation prochaine de la marijuana. Il a pris soin de souligner que le corps policier aurait souhaité avoir plus de temps pour se préparer à la nouvelle réalité.