Un meurtre sur cinq lié au crime organisé ; aucun drame conjugal, mais plusieurs meurtres intrafamiliaux, dont deux infanticides ; d'importants projets d'enquête et une chasse à l'homme qui perdure : même si le nombre d'homicides commis dans la métropole devrait encore être l'un des plus bas cette année, les enquêteurs des Crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n'ont pas chômé pour autant.

En plus des enquêtes déclenchées à la suite des 24 meurtres commis cette année (en date du 22 décembre), les membres des Crimes majeurs du SPVM ont aussi pris part à deux importants projets d'enquête visant à résoudre des homicides commis en 2014 et 2016, dans le milieu des gangs de rue et de la mafia.

« Chaque dossier est important, mais le projet Mazout est notre fait d'armes de l'année. Il y a eu aussi le projet Mégarde qui nous a permis de résoudre le meurtre de Steven Célestin, commis en 2014. Nous avons mis beaucoup de ressources et d'effectifs sur ces deux projets d'enquête », explique Vincent Rozon, commandant des Crimes majeurs du SPVM.

Le projet Mazout visait à élucider un meurtre commis en 2016 et une série d'incendies criminels allumés en 2017 dans le contexte des tensions au sein du crime organisé traditionnel italien. L'enquête a été déclenchée au début de 2017 et a mené à l'arrestation de huit personnes en juin dernier. Le projet a été mené en collaboration avec les divisions du crime organisé et des incendies criminels, et la section Crimes de violence (CDV) de la région Est.

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24 MEURTRES DE 2017

Arme ou contexte 

• Arme à feu : 9

• Arme blanche : 9

• Force physique : 5

• Incendie : 1

Trame de fond

• Conflit ou dispute : 11

• Homicides intrafamiliaux : 7

• Crime organisé : 6

Victimes

• Hommes : 17

• Femmes : 4

• Enfants : 2

• Transgenre : 1

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TAUX DE RÉSOLUTION EN BAISSE

Le taux de résolution des meurtres commis en 2017 est toutefois d'environ 60 %, soit 10 points de moins que l'an dernier. Malgré tout, le commandant Rozon est satisfait et prévient que les statistiques de succès fluctuent d'année en année.

« Il n'y a pas vraiment d'explication à cette baisse, dit M. Rozon. Il y a des dossiers de 2017 qui devraient être réglés l'an prochain. Et cette année, on a quand même eu six meurtres liés au crime organisé, ce qui vient augmenter la complexité des enquêtes. »

Les six meurtres commis dans le milieu du crime organisé en 2017 sont ceux d'Ali Awada (9 janvier, mafia), Nicola Di Marco (18 mars, mafia), Mustapha Danach (26 mai, mafia), Antonio De Blasio (16 août, mafia), Claude Fleury (27 octobre, motards) et Vincent Lamer (3 novembre, motards). Aucun n'a encore été élucidé.

Parmi les autres homicides qui ont davantage fait les manchettes cette année, notons le meurtre d'un bébé qui se trouvait dans le ventre sa mère, enceinte de huit mois, poignardée par son conjoint en juillet, cette affaire sordide d'un homme qui aurait tué sa mère et sa grand-mère dans l'est de Montréal au début du mois de décembre, et le meurtre d'un client d'un bar de danseuses en mai.

Ce dernier crime aurait été commis par un certain Frederick Silva, 37 ans, que les enquêteurs des Crimes majeurs recherchent activement. Silva, qui est sur la liste des 10 criminels les plus recherchés du Québec, est également dans le viseur de la Sûreté du Québec, qui le soupçonne d'avoir tenté de tuer le chef de clan de la mafia Salvatore Scoppa dans le secteur Lachenaie au début de l'année. La police croit même que Silva aurait commis d'autres crimes pour le compte de la mafia.

Cette année, les enquêteurs des Crimes majeurs du SPVM ont résolu cinq homicides survenus en 2014 et 2016.

Ils ont enquêté sur 38 vols de banque, comparativement à 53 l'année dernière. Trente-quatre de ces vols ont été élucidés et 15 individus ont été arrêtés.

Ils sont aussi intervenus auprès de 18 individus barricadés, comparativement à 22 en 2016.

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MEURTRES À MONTRÉAL DEPUIS 10 ANS ET TAUX DE RÉSOLUTION

• 2017 : 24 (au 22 décembre) 60 %

• 2016 : 23 70 %

• 2015 : 29 72 %

• 2014 : 28 50 %

• 2013 : 28 71 %

• 2012 : 35 57 %

• 2011 : 35 60 %

• 2010 : 37 84 %

• 2009 : 31 61 %

• 2008 : 29 59 %

• 2007 : 41 56 %

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ANNÉE MEURTRIÈRE POUR LA SQ

Par ailleurs, au 22 décembre, 59 personnes avaient été tuées en 2017 sur le territoire de la Sûreté du Québec (SQ), un niveau qui n'avait pas été atteint depuis plusieurs années. Pour retrouver un chiffre aussi élevé, il faut remonter à 2012 alors que, pour toute l'année, 57 personnes avaient été assassinées sur le territoire de la SQ.

Le bond de cette année s'explique notamment par les six morts de la tuerie de la mosquée de Québec survenue il y a presque un an. En 2017, les enquêteurs des Crimes contre la personne de la Sûreté du Québec se sont également penchés sur trois triples meurtres et quatre doubles meurtres.

Parmi les victimes, on compte 19 femmes, 35 hommes et 5 bébés. Ce nombre surprenant de bébés tués s'explique notamment par l'arrestation en octobre d'une femme de Sainte-Marthe-sur-le-Lac accusée d'avoir tué trois de ses enfants nouveau-nés entre 2014 et 2017. Vingt-six dossiers de meurtres cette année ont une trame de fond conjugale ou familiale, sept sont liés au crime organisé et neuf ont été commis dans le Grand Nord.

Les enquêteurs ont arrêté un suspect pour 50 des 59 affaires, ce qui donne un taux de résolution de 84,7 %.

À travers toutes ces enquêtes, les membres des Crimes contre la personne ont également eu à se mobiliser pour deux alertes AMBER.

« Nous avons eu une très grosse année. Nos enquêteurs ont été très sollicités et engagés. Je m'en voudrais également de ne pas souligner l'aide apportée par nos partenaires des autres corps de police dans les événements de la mosquée de Québec et par la police ontarienne pour les alertes AMBER », affirme le lieutenant Christian Michaud, patron du Service des Crimes contre la personne de la Sûreté du Québec à Montréal.

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NOMBRE DE VICTIMES DE MEURTRES SUR LE TERRITOIRE DE LA SQ

• 2017 : 59 (au 22 décembre)

• 2016 : 43

• 2015 : 43

• 2014 : 43

• 2013 : 27

• 2012 : 57

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.