Il a été jugé qu'un policier de Québec n'a pas utilisé son fusil à irritants chimiques avec prudence lorsqu'il a atteint au visage la jeune Naomie Tremblay-Trudeau qui participait à une manifestation en 2015. Le Comité de déontologie policière a tranché que la conduite de Charles Scott-Simard constitue un acte dérogatoire.

Le policier du Service de police de la ville de Québec (SPVQ) n'a pas été sanctionné pour l'autre reproche déontologique formulé contre lui, soit de ne pas avoir usé de ce fusil avec prudence et discernement à l'égard de l'ensemble des manifestants.

Cette manifestation qui a mal tourné pour la cégépienne remonte au 26 mars 2015. Ce jour-là, le gouvernement du Québec avait déposé un budget de dépenses axé sur le retour à l'équilibre budgétaire.

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) organise une manifestation prévue pour 18h devant l'Assemblée nationale.

Les policiers se déploient aux alentours. Vers 18h33, ils déclarent la manifestation illégale, en informent les manifestants et leur ordonnent de se disperser.

Selon la preuve déposée à l'audience déontologique, des manifestants foncent vers une ligne de policiers et une bousculade s'ensuit. Certains manifestants essaient de s'emparer des bâtons des policiers et quelques-uns sont renversés, peut-on lire dans la décision datée de mercredi, mais rendue publique vendredi.

Pour repousser les manifestants, des tirs de fusil à irritants chimiques (aussi appelés Muzzle Blast) sont utilisés, dont un effectué par l'agent Charles Scott-Simard, qui a atteint Naomie Tremblay-Trudeau au menton.

Dans la bousculade, la jeune femme dit que bien qu'elle n'était pas sur la première ligne des manifestants, elle s'y est retrouvée. Elle précise que le policier a tiré alors qu'il était à environ un mètre d'elle.

De son côté, l'agent Scott-Simard a dit que la sécurité de ses collègues était compromise et qu'il a alors décidé de déployer un premier Muzzle Blast. Il soutient ne pas avoir vu Naomie Tremblay-Trudeau, et qu'il a visé un groupe de personnes, à la hauteur de leur tronc. Il n'a su qu'après la fin de la manifestation que l'un de ses tirs avait atteint la jeune femme. Tout le monde bougeait et la situation évoluait de seconde en seconde, a-t-il soutenu à l'audience.

Mais le Comité retient que l'agent Scott-Simard a tiré trop haut - et non pas à la hauteur du tronc. Une manoeuvre jugée dangereuse.

« Pour s'en convaincre, il suffit de voir les photos des blessures de Mme Tremblay-Trudeau et d'imaginer ce qui serait survenu si, par malheur, la bourre avait frappé quelques centimètres plus haut au niveau des yeux », est-il écrit dans la décision.

D'où sa conclusion : « Le Comité est donc d'avis que la preuve prépondérante démontre qu'il est enseigné de tirer le "centre-masse". Or, le tir de l'agent Simard était à la hauteur du visage de Mme Tremblay-Trudeau et celui-ci savait que c'était dangereux à une distance de un mètre ou moins », tranche-t-il.

L'agent Scott-Simard saura ultérieurement quelle sanction lui sera imposée.

Le Soleil, Pascal Ratthé

L'agent Charles-Scott Simard, en septembre 2017.

Photothèque Le Soleil

Naomie Tremblay-Trudeau a été atteinte à la mâchoire par le projectile d'un fusil à irritant chimique lors d'une manifestation tenue le 26 mars 2015. Elle a subi des brûlures et des ecchymoses et elle a été conduite à l'hôpital quelques minutes plus tard.