Un mois après avoir été reconnu coupable par un jury du meurtre prémédité de sa femme Catherine de Boucherville, Ahmad Nehme porte le verdict en appel. L'homme de 53 ans demande à la Cour d'appel du Québec d'ordonner la tenue d'un nouveau procès en raison de plusieurs erreurs de droit commises par le juge du procès.

Rongé par la jalousie, Ahmad Nehme a décidé de poignarder sa femme à une quinzaine de reprises, le 5 juillet 2012, dans la salle de bains de la résidence familiale de l'arrondissement de LaSalle. Les deux enfants du couple, Dania, 16 ans, et leur fils autiste de 13 ans se trouvaient dans la maison au moment du meurtre. Le tueur n'acceptait pas la rupture très récente avec sa femme.

«M. Nehme a agi en fonction d'une rage, d'une colère, d'une frustration que Catherine de Boucherville échappe à son contrôle. Si je ne peux pas t'avoir, personne ne t'aura», avait soutenu le procureur de la Couronne Éric Côté lors de ses plaidoiries. Dania Nehme avait livré un témoignage percutant contre son père pendant le procès, le dépeignant comme un homme intimidant, hyper contrôlant et persuadé que sa femme avait sali son «honneur».

Le jury n'a pas cru la défense de non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux plaidée par les avocats de l'accusé. Le psychiatre expert de la défense Joel Watts avait diagnostiqué un «trouble délirant» de type «persécutoire et jaloux». Selon la défense, Ahmad Nehme était persuadé que sa femme et son présumé amant cherchaient à le tuer. Son témoignage n'a toutefois pas convaincu le jury.

Le juge Jean-François Buffoni a «erré en droit» à au moins quatre occasions pendant le procès, principalement pendant les instructions au jury, soutient l'avocat d'Ahmad Nehme, Me Giuseppe Battista, dans son avis d'appel déposé vendredi dernier à la Cour d'appel du Québec. Le juge Buffoni n'aurait pas dû permettre le dépôt de preuves sur le caractère de l'accusé concernant des évènements antérieurs au meurtre, soutient-on. Un épisode de violence conjugale de l'accusé remontant à plus d'une décennie avait notamment été présenté, par exemple.

La défense reproche au juge d'avoir omis de donner certaines instructions au jury concernant l'opinion du psychiatre expert de la poursuite, Paul-André Lafleur. Celui-ci soutenait que le meurtre s'inscrivait dans un contexte de violence conjugale et qu'Ahmad Nehme pourrait présenter des traits ou un trouble paranoïaque. Or, selon la défense, le juge Buffoni aurait dû instruire le jury d'ignorer ces opinions. Le juge a aussi commis d'autres erreurs lors de ses instructions, soutient-on.