L'ancien criminaliste Loris Cavaliere, condamné pour gangstérisme au début de l'année, s'adressera pour la première fois aux commissaires aux libérations conditionnelles du Canada, mercredi, pour demander sa liberté ou encore la permission d'aller en maison de transition.

Cavaliere, 63 ans, ex-avocat du clan sicilien de la mafia montréalaise, a été condamné à 34 mois de pénitencier le 1er février dernier, après avoir plaidé coupable à un chef de gangstérisme et un autre de possession d'arme. Le juge Pierre Labelle de la Cour du Québec a entériné une suggestion commune de la poursuite et de la défense. M. Cavaliere demande donc sa libération conditionnelle après 10 mois de détention.

Loris Cavaliere a été arrêté en novembre 2015 lors d'une importante opération policière visant à démanteler une alliance d'individus liés à la mafia, aux motards et aux gangs de rue qui, selon la théorie de la police, dirigeaient le crime organisé montréalais.

Il est demeuré détenu durant deux semaines à la suite de son arrestation. Il a ensuite été libéré sous la condition notamment de demeurer 24 heures sur 24 à la maison, sauf pour des visites chez son médecin.

Un facilitateur

Selon des documents judiciaires et un résumé des actes reprochés à l'ancien criminaliste lu par un procureur de la poursuite, la police avait ciblé Cavaliere après l'avoir vu arriver en compagnie d'un membre influent des gangs de rue au salon funéraire où était exposé un défunt membre des Hells Angels, Gaétan Comeau, en septembre 2012.

Durant l'enquête, en 2014, alors qu'il était écouté par les policiers, Cavaliere, commentant un article de journal sur l'alliance entre la mafia, les motards et les gangs de rue, s'était vanté à sa conjointe que c'était « grâce à lui » que la chose avait été possible.

Selon la théorie de la police, l'ex-criminaliste possédait un appareil envoyant des messages cryptés pour échanger avec des membres de l'alliance.

Il a joué le rôle de « médiateur » et de « facilitateur » en acceptant que des discussions entre mafieux se tiennent dans son bureau et sa salle de conférence. Mais les policiers ont installé des micros dans ces locaux durant l'enquête.

Lors d'une conversation entre membres influents de l'alliance tenue le 20 août 2015 dans son bureau, les participants ont discuté du partage de territoires pour le trafic de stupéfiants et de l'élimination de membres de la mafia en qui ils n'avaient plus confiance.

L'accusation de possession d'arme à laquelle il a plaidé coupable tient au fait qu'un pistolet de calibre 9 mm, au numéro de série oblitéré, a été trouvé dans le plafond du sous-sol de l'immeuble où était situé son bureau, boulevard Saint-Laurent.

Lors de son plaidoyer, M. Cavaliere a reconnu ce qu'il avait fait, mais s'est dit en désaccord avec le résumé lu par le procureur de la Couronne. D'autres accusés doivent être jugés pour gangstérisme, complot et trafic de stupéfiants dans cette affaire et plusieurs éléments contenus dans les déclarations sous serment au soutien des mandats de perquisition n'ont pas encore été testés devant les tribunaux.

M. Cavaliere a renoncé à pratiquer le droit à sa sortie de prison.

Selon plusieurs sources, il a côtoyé durant sa détention l'ancien maire de Laval Gilles Vaillancourt, leurs cellules étant situées dans la même aile au Centre régional de réception à Laval.

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