Dans un cas de rage au volant d'une rare violence, Jonathan Clermont a écopé hier d'une peine de 18 mois de prison pour avoir asséné un puissant coup de poing à un automobiliste sur une bretelle de l'autoroute 40. Quatre ans plus tard, la victime n'est « plus le même homme » et conserve d'importantes séquelles de cette agression complètement gratuite.

En cette veille du jour de l'an 2013, Jonathan Clermont a la mèche courte au volant. Il coupe une voiture pour accéder à une rampe menant à l'autoroute 40 à Montréal. L'autre automobiliste klaxonne et fait un geste pour signifier son mécontentement. Jonathan Clermont, 18 ans, pète les plombs. Il lui fait un signe obscène par sa fenêtre et freine brusquement plusieurs fois. Puis il stoppe sa voiture dans la rampe d'accès de l'autoroute.

Jonathan Clermont sort de sa voiture et se dirige lentement vers l'autre automobiliste, lui aussi sorti de sa voiture. « Soudainement, [Clermont] le frappe d'un coup de poing au visage. La victime tombe assise sur le sol. L'accusé retourne à son véhicule et quitte les lieux », raconte dans sa décision la juge Julie Riendeau de la Cour du Québec.

N'eût été la « vivacité d'esprit » de la fille de la victime qui a noté le numéro de plaque d'immatriculation du fuyard, Jonathan Clermont n'aurait jamais été jugé pour ce crime, soutient la juge. L'ami de l'accusé et passager au moment des faits a témoigné pendant le procès qu'ils n'avaient pas appelé la police, parce qu'ils avaient « autre chose à faire en cette fin d'année ». Des propos qui « sidèrent » la juge Riendeau. Jonathan Clermont n'a pas témoigné.

DES CONSÉQUENCES « IMPORTANTES ET PERMANENTES »

Les conséquences de ce coup de poing pour la victime sont « importantes et permanentes », note la juge. Quatre ans et demi plus tard, l'homme de 60 ans a le nez et la bouche de travers, un oeil plus bas et plus profond que l'autre et voit double d'un oeil. Il a subi de multiples fractures au visage et s'est fait reconstruire la mâchoire avec des plaques de métal. Pendant le premier mois de sa convalescence, il a été contraint de se nourrir à la paille et il a repris le travail seulement après sept mois. « La victime pleure ainsi constamment et n'arrive plus à socialiser. Il n'est plus le même homme. »

L'homme maintenant âgé de 23 ans a reçu hier une peine de 18 mois de prison pour voies de fait graves, suivie de trois ans de probation, alors que la Couronne réclamait deux ans de pénitencier. Crâne rasé et barbe courte bien taillée, Jonathan Clermont a étiré ses bras vers l'arrière au moment du prononcé de la peine. Sa mère, assise à ses côtés, l'a enlacé, les yeux rougis. Un constable leur a aussitôt fait signe de se séparer. Menottes aux poignets, Jonathan Clermont a lancé un dernier regard vers sa mère qui a retenu un sanglot.

La juge Riendeau a balayé d'un revers de main la majorité des arguments de la défense pour une peine réduite. « Le geste posé par l'accusé s'inscrit clairement dans un contexte de rage au volant. Le fait qu'il se dirige lentement et calmement vers le véhicule de la victime non seulement n'occulte pas le contexte, mais rend le geste d'autant plus sournois. [...] Bien que non prémédité, peut-être même impulsif, le geste est réfléchi », conclut la juge Riendeau. Comme facteurs aggravants, elle note également les graves séquelles de la victime et le départ de la scène de crime de l'accusé, un résidant de Richelieu. Un risque de récidive n'est pas « exclu », selon la juge, malgré les progrès accomplis par l'accusé.