Le juge de l'Ontario qui s'était présenté en salle d'audience avec une casquette de la campagne électorale de Donald Trump a été suspendu sans solde pendant 30 jours.

Le Conseil de la magistrature de l'Ontario a estimé que la conduite du juge Bernd Zabel exigeait la réprimande la plus sérieuse qui soit avant la révocation pure et simple. Le conseil, qui avait entendu les arguments du juge Zabel le mois dernier, conclut mardi que cet incident constitue un cas d'inconduite judiciaire isolé et inexplicable de la part d'un juge par ailleurs respecté dans le milieu.

Lors de son audience, le mois dernier, le juge Zabel, rattaché au palais de justice de Hamilton, a expliqué qu'il ne souhaitait que détendre l'atmosphère en portant la casquette rouge arborant le slogan «Make America Great Again» (Redonner toute la grandeur aux États-Unis) en faisant son entrée au tribunal le 9 novembre 2016 - au lendemain de l'élection de Donald Trump à la présidence américaine.

Le juge a soutenu devant ses pairs que ce n'est qu'en voyant son geste étalé dans les médias qu'il a réalisé comment certains citoyens pourraient y voir un appui au président américain et à ses politiques.

Le Conseil de la magistrature de l'Ontario a estimé que le juge Zabel avait violé un principe fondamental de l'éthique judiciaire, mais que cette conduite tranchait radicalement avec 27 années d'une pratique qui avait été jusque-là exemplaire.

Le conseil se dit rassuré de constater que le juge Zabel ne partage pas les points de vue discriminatoires attribués par les plaignants à Donald Trump, «notamment des propos misogynes, racistes, anti-musulmans, anti-immigration et homophobes». Le conseil croit que les membres de groupes vulnérables de la société, dont plusieurs avaient porté plainte, ne craindront pas d'être traduits en justice dans la salle d'audience du juge.

Le conseil avait reçu 81 plaintes concernant la casquette du juge Zabel, qui ne siégeait plus depuis janvier.

Selon un exposé conjoint des faits, le juge Zabel portait sa casquette à son entrée dans la salle d'audience, le 9 novembre, et il a expliqué que c'était «pour célébrer une soirée historique aux États-Unis». Il a ensuite retiré sa casquette, comme on le fait dans toute salle d'audience, et l'a ramenée dans son bureau lors de l'ajournement. Lorsqu'on lui a signalé plus tard qu'il ne portait plus sa casquette, il a répondu que cela avait irrité des collègues juges, «qui ont tous voté pour Hillary».

À l'audience du conseil, il a soutenu qu'il ne souhaitait que souligner, sans le célébrer, un événement majeur de l'histoire, et qu'il voulait «se vanter» d'avoir pu prédire, mieux que ses collègues, l'issue du scrutin aux États-Unis.