Quand Gilbert Nshimiyumukiza a été abattu d'une balle dans la tête, le 30 avril 2016 dans un demi-sous-sol de Montréal, Nikita Hunt était présent dans la pièce. Deux mois plus tard, il a été arrêté avec l'arme du crime. Néanmoins, l'homme de 28 ans ne sera pas jugé pour ce meurtre, contrairement à celui qui est soupçonné d'être le tireur, Jermaine Gero, a tranché hier le juge Daniel Bédard.

Les bras appuyés sur ses jambes, la tête penchée, Nikita Hunt attendait nerveusement la décision du juge dans le box des accusés, aux côtés de Jermaine Gero, impassible. Au terme de leur enquête préliminaire, hier, le juge Bédard a cité à procès Jermaine Gero pour meurtre prémédité, mais a libéré Nikita Hunt de cette sévère accusation, faute de preuves suffisantes. Ce dernier sera donc jugé uniquement pour des accusations de possession d'arme.

Le meurtre de Gilbert Nshimiyumukiza, un Rwandais de 30 ans arrivé à Montréal en 2009, a tout l'air d'une exécution sommaire. À 1 h du matin, le 30 avril 2016, la victime est dans son appartement de la rue Grenet, dans le quartier Cartierville, avec son colocataire Bryan Ince. Un homme cogne à la porte et entre de force avec une arme à feu, suivi de trois complices. L'homme armé ordonne à Gilbert Nshimiyumukiza de s'asseoir sur le canapé. « Où est mon argent ? », rage-t-il. À peine quelques minutes plus tard, il lui tire une balle dans la tête, près de son colocataire, blessé. Les quatre hommes quittent les lieux par la fenêtre du salon.

Deux mois et demi plus tard, Nikita Hunt est arrêté avec l'arme du crime, un revolver contenant quatre balles. L'unique balle manquante s'est révélée être la balle ayant tué Gilbert Nshimiyumukiza, selon une expertise balistique. De plus, une empreinte digitale trouvée sur la fenêtre de l'appartement de la victime correspond à celle de Nikita Hunt.

Pendant l'enquête préliminaire, le témoin clé Bryan Ince a raconté avoir été frappé à la tête par un troisième homme avec un bâton de baseball. « Puis, il entend un coup de feu et voit la tête de Gilbert aller vers la droite. Il pense qu'il est le prochain. Il regarde le tireur et selon lui, tout le monde fige pendant cinq secondes », peut-on lire dans la décision. À la barre des témoins, il a identifié formellement Jermaine Gero comme étant le tireur.

« UNE SIMPLE PRÉSENCE »

La seule présence de Nikita Hunt au moment du crime ne suffit toutefois pas à justifier de le citer à procès pour meurtre prémédité, selon le juge Bédard. Aucune preuve présentée par la Couronne pendant l'enquête préliminaire ne démontre raisonnablement que Nikita Hunt savait que « Gero avait l'intention de tuer la victime » ou qu'il l'a aidé à commettre le meurtre. « Sa présence peut être qualifiée d'une simple présence. Aucun geste, aucune aide, aucun encouragement, aucun mot », précise le juge.

Cette décision ne confirme pas la culpabilité des accusés, puisque le fardeau de la preuve est moins élevé pendant l'enquête préliminaire. À cette étape, sorte de répétition générale du procès, le juge doit seulement déterminer si la preuve est suffisante pour justifier un procès.

Un troisième accusé dans cette affaire, Shamora Robertson, est toujours au large.

Photo fournie par le SPVM

Nikita Hunt sera jugé uniquement pour des accusations de possession d'arme.

Photo fournie par le SPVM

Le juge Bédard a cité à procès Jermaine Gero pour meurtre prémédité.