Le directeur du Service de police de la ville de Montréal, Philippe Pichet, s'explique mal comment des insinuations de relations inappropriées ont pu se retrouver dans des affidavits présentés à des juges de paix pour obtenir des mandats de surveillance de femmes journalistes.

Deux cas de cette nature ont été présentés devant la commission Chamberland, qui se penche sur la protection des sources journalistiques.

Dans un cas, les policiers de Laval ont obtenu un mandat pour surveiller la journaliste Monic Néron, du 98,5 FM alors que dans l'autre, c'est la journaliste Marie-Maude Denis, de Radio-Canada, qui a été ciblée par la Sûreté du Québec.

Les policiers avaient alors faussement allégué soit l'existence de liens inappropriés, soit une volonté d'avoir des relations intimes pour convaincre un juge de paix de lancer un mandat de surveillance, bien que ces allégations n'étaient appuyées sur rien.

À l'issue de son passage devant la Commission de la sécurité publique de Montréal, vendredi, Philippe Pichet n'a pas caché son malaise devant ces révélations.

Bien que son propre service ne soit pas visé dans ces cas précis, Philippe Pichet a dit espérer que ce temps était révolu.

«On est en 2017. J'espère qu'on a passé ces pensées-là, qui datent d'il y a très longtemps. J'espère qu'en 2017, il n'y a pas encore quelqu'un qui pense aujourd'hui qu'il y a ce genre de choses qui se fait. Je trouve ça totalement à côté de la track», a-t-il déclaré, malgré le fait que ces événements soient tout à fait contemporains.

Par ailleurs, le directeur Pichet a tenu à clarifier ses propos sur la possibilité de diffuser de fausses informations afin de débusquer des sources au sein de son service.

Cette possibilité avait fait bondir plusieurs journalistes, y voyant un mépris du rôle de la presse.

M. Pichet a précisé qu'il faisait plutôt référence à l'insertion d'un détail précis livré à un policier soupçonné d'être l'auteur de fuites, détail qui servirait en quelque sorte de marqueur s'il se retrouvait dans un texte de nouvelle.

«Je veux rassurer le monde: ce n'est pas de lancer une fausse information dans le champ. C'est une information qui a été modifiée avec un détail très précis que seules une ou deux personnes pourraient avoir», a-t-il cherché à expliquer, tout en précisant que le service «s'ajusterait» à la lumière des recommandations de la commission Chamberland.

Culture en changement

Le directeur du SPVM était devant la Commission de la sécurité publique afin de présenter le bilan de son «Plan d'action pour rassurer et améliorer le lien de confiance des citoyens envers le SPVM».

Sur les 38 mesures que la direction a promis d'implanter, 11 sont complétées, 23 sont en cours de réalisation et 4 autres restent à être amorcées.

Cependant, le directeur a été forcé d'admettre qu'il a du mal a recruter le consultant en éthique qui aura pour tâche d'analyser la manière dont le SPVM traite les comportements à risque.

Il en va de même pour l'embauche d'un directeur des communications civil, le poste ayant été réaffiché alors que deux candidats potentiels se sont désistés en fin de processus.

Philippe Pichet avait affirmé en présentant ce plan qu'il fallait normalement de 5 à 10 ans pour changer la culture d'une grande organisation comme la sienne.

Cette transformation devrait toutefois être grandement soutenue par une importante rotation de personnel: 63 cadres sur 130 prendront leur retraite d'ici 2021. Quant à l'effectif du corps policier de 4600 membres, pas moins d'un millier d'entre eux auront pris leur retraite entre 2015 et 2020.