La journaliste Marie-Maude Denis estime que l'obtention de ses registres téléphoniques sur cinq ans par la Sûreté du Québec (SQ) a envoyé un message clair à toutes les sources policières : « ne parlez jamais, jamais, jamais à un journaliste, ça peut vous mettre dans le trouble ».

Devant la Commission Chamberland sur la protection des sources journalistiques, la journaliste de Radio-Canada a détaillé ce matin sa réaction lorsqu'elle a appris que ses relevés téléphoniques avaient été examinés par la SQ. 

« Ma première réaction a été de me sentir coupable, d'avoir trahi la confiance des sources. Le message est très clair à toutes les sources potentielles : peut-être qu'un jour, il y a des communications qui peuvent être interceptées et qui vont mettre en péril la protection des sources. »

« C'est extrêmement intrusif, ils ont toute ma vie pendant cinq ans », a poursuivi la journaliste.

Marie-Maude Denis est également revenue sur des allégations faites par des enquêteurs de la SQ pour avoir accès à ses relevés téléphoniques. Dans un affidavit présenté devant une juge de paix, ceux-ci avaient allégué que la journaliste entretenait une « relation intime » avec un policier. Devant la Commission Chamberland plus tôt cette semaine, ce dernier a vigoureusement démenti cette affirmation.

« Il n'y a pas le début du commencement d'une once de vérité dans cette allégation, a déclaré Marie-Maude Denis. Je trouve ça déshonorant pour tous les enquêteurs qui ont le souci de la vérité que des calomnies pareilles se retrouvent dans un document judiciaire. »

Elle affirme toutefois qu'une telle allégation ne la surprend pas. « De tout temps quand des femmes réussissent en journalisme, il y a des allusions de chambre à coucher. On n'est pas surpris. Que ça se retrouve dans un document judiciaire entériné par un juge de paix, ça me choque », a-t-elle déclaré.

Elle a par ailleurs réitéré l'importance du journalisme d'enquête et des sources journalistiques dans ce travail. « Il est très important de dire à quel point il y a des personnes qui alimentent nos reportages et vont se mettre en péril personnellement pour le faire », a rappelé Marie-Maude Denis.

Elle a terminé son témoignage en milieu de matinée. Le journaliste Patrick Lagacé était ensuite attendu.