Pour avoir accès aux relevés téléphoniques de Marie-Maude Denis, la Sûreté du Québec (SQ) a allégué devant une juge qu'un de ses enquêteurs entretenait une « relation intime » avec la journaliste, une information qui a été vigoureusement démentie par l'enquêteur, mardi.

Devant la commission Chamberland, Denis Morin a affirmé qu'il n'avait appris que récemment que son nom était mentionné dans une ordonnance judiciaire parce qu'on le soupçonnait d'avoir transmis des informations à une journaliste.

« Dans l'annexe B d'un affidavit, on mentionne que vous fréquentiez Marie-Maude Denis. Est-ce que vous réfutez cette allégation ? », lui a demandé Me Charles Levasseur, avocat en chef adjoint de la Commission.

« Absolument, a répondu Denis Morin. C'est malheureux de voir des allégations qui ne semblent pas validées. Normalement, quand on fait une enquête, la première des choses qu'on fait, c'est qu'on tente de savoir d'où vient l'information. C'est la base. Si quelqu'un te donne une information et qu'elle vient d'une autre personne, ça perd de sa crédibilité [...]. On lance des choses sans venir me voir et me demander ce qui s'est passé vraiment », a-t-il déploré.

Marie-Maude Denis souhaite réserver ses commentaires pour son témoignage devant la commission Chamberland, prévu demain. « Je vais avoir l'occasion de m'exprimer sur tout ça et de dire que c'est complètement faux », a dit la journaliste de Radio-Canada.

LES JOURNALISTES « AU COEUR DE L'ESCOUADE MARTEAU »

Pour étayer leur demande présentée devant une juge en 2014, les enquêteurs de la SQ faisaient état d'un souper « à quatre » au cours duquel Marie-Maude Denis était, selon eux, accompagnée de l'ancien chef de l'escouade Marteau. Ce souper n'a jamais eu lieu, a déclaré Denis Morin.

Les registres téléphoniques obtenus par les enquêteurs de la SQ démontraient que la journaliste et le policier avaient eu des contacts à 21 reprises.

Denis Morin a expliqué que les « journalistes avaient été au coeur de l'escouade Marteau » parce que ce sont eux qui ont fait « ressortir certains éléments » concernant la collusion dans le milieu de la construction.

Dans ce cadre, a-t-il expliqué, il a eu des contacts répétés avec plusieurs autres membres des médias. Devant la commission Chamberland, il a estimé que ceux qui l'ont soupçonné de fuite médiatique avaient « focusé sur Marie-Maude Denis ».

« Je veux que ce soit clair, a poursuivi Denis Morin. Ces informations ont un impact sur Marie-Maude Denis, sur moi et sur ma conjointe. »

La semaine dernière, le capitaine Patrick Duclos est venu expliquer devant la commission Chamberland les motifs qui l'avaient amené à inclure ces éléments dans une déclaration sous serment. Son témoignage est toutefois frappé d'une ordonnance de non-publication.

Les relevés téléphoniques de Marie-Maude Denis et de cinq autres journalistes ont été obtenus dans le cadre d'une enquête de la SQ, qui cherchait à savoir qui avait mis la main sur des enregistrements d'écoute électronique visant l'ancien président de la FTQ Michel Arsenault. Ces enregistrements avaient fait l'objet de plusieurs fuites dans les médias en 2013.

L'enquête a finalement été abandonnée parce que les possibilités de fuites étaient trop nombreuses.