Ce n'est pas parce qu'un policier parle à un journaliste qu'il lui transmet de l'information confidentielle, a reconnu ce matin devant la Commission Chamberland un ancien enquêteur de la Sûreté du Québec.

C'est après avoir obtenu les registres téléphoniques de six journalistes, parfois pour une période allant jusqu'à cinq ans, que l'ex-enquêteur Marcel Lagacé en est venu à cette conclusion.

Dans le cadre de cette enquête, mise en suspens en 2015, la SQ cherchait à savoir qui avait mis la main sur des enregistrements d'écoute électronique faits sur l'ancien président de la FTQ, Michel Arsenault. Ces enregistrements avaient fait l'objet de plusieurs fuites dans les médias en 2013.

L'enquête a été abandonnée deux ans plus tard parce qu'il y avait trop de fuites potentielles, a affirmé ce matin Marcel Lagacé.  « Il y avait tellement de possibilités », a-t-il reconnu. Des documents rendus publics à la Commission Charbonneau en 2013 multipliaient d'autant les possibilités.

« Même si on pouvait établir un lien entre une personne et un journaliste, ça ne veut pas dire qu'il lui a transmis de l'information. C'est à partir de ce moment qu'on s'est dit : "Ça donne quoi d'aller de l'avant là-dedans, on n'arrivera jamais à aucune accusation". C'est pour ça qu'on a mis ça sur la glace », a déclaré Marcel Lagacé, aujourd'hui à la retraite.

Dans le cadre de cette enquête, les registres téléphoniques de six journalistes ont été obtenus, parmi lesquels figure Denis Lessard, de La Presse, ainsi que Marie-Maude Denis, Isabelle Richer et Alain Gravel, de Radio-Canada.

Marcel Lagacé a en outre affirmé qu'il avait traité les dossiers de fuites dans les médias « de la même façon que dans le milieu criminel ou ailleurs ». « C'était le même genre d'enquête qu'on faisait, avec des moyens semblables », a-t-il déclaré.