L'ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, condamné à un an de prison pour avoir fraudé ses membres, vient d'être libéré au sixième de sa peine par la Commission québécoise des libérations conditionnelles. Après deux mois derrière les barreaux, l'ancien dirigeant syndical dit regretter ses crimes et avoir été « bouleversé » par la forte médiatisation de son procès.

La Commission lui a accordé le 19 mai sa permission de sortie préparatoire à la libération conditionnelle en raison de son bon comportement, de son risque de récidive « très faible » et de l'absence d'antécédents judiciaires. Jocelyn Dupuis affiche des remords et soutient avoir compris que ces crimes avaient nui au syndicat et aux travailleurs qu'il devait pourtant défendre, indique la décision obtenue par La Presse.

Les commissaires retiennent toutefois plusieurs éléments jouant en la défaveur de Jocelyn Dupuis, en particulier la présence d'« individus reliés au monde interlope organisé » dans son cercle de connaissances. « Vous avez tenté d'user de votre statut pour obtenir des avantages en leur faveur. Par contre, la Commission note qu'aucune accusation criminelle n'a été portée à ce jour en lien avec ces gestes, qui démontrent à tout le moins une [adhésion] à des valeurs criminelles », peut-on lire. À la commission Charbonneau, Jocelyn Dupuis avait admis qu'il connaissait le caïd Raynald Desjardins et des membres des Hells Angels.

FAUX DOCUMENTS

En janvier 2015, Jocelyn Dupuis a été reconnu coupable de fraude et de fabrication de faux pour avoir touché plus de 63 000 $ en frais de remboursement de la FTQ-Construction en fabriquant 208 faux documents en 2007 et en 2008. Jocelyn Dupuis s'était ensuite battu pendant deux ans jusqu'en Cour suprême pour faire infirmer sa condamnation, avant de prendre le chemin de la prison le 16 mars dernier.

« Vos délits sont d'une gravité objective importante. Vous étiez en position d'autorité et vous avez falsifié des centaines de documents sur une période significative de près d'une année », indique la décision. D'autre part, Jocelyn Dupuis a plaidé coupable en avril à une accusation déposée sept ans plus tôt : avoir conseillé à un tiers de commettre une infraction qui n'a pas été commise. Il avait alors planifié de fabriquer une facture de 11 300 $ pour obtenir le remboursement de l'installation de fenêtres chez l'ancien président de la FTQ-Construction, Yves Mercure.

L'homme de 63 ans devra respecter plusieurs conditions pendant sa libération conditionnelle, notamment en faisant du bénévolat et en se tenant loin de toute personne impliquée dans des activités criminelles. Jocelyn Dupuis compte maintenant obtenir des contrats dans le « domaine de la construction », mais s'engage à ne pas s'impliquer au sein d'un syndicat. D'ailleurs, son risque de récidive est jugé « atténué » justement parce qu'il ne reprendra pas de responsabilité dans un syndicat.

- Avec Philippe Teiscera-Lessard, La Presse