Le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Philippe Pichet a confirmé que le maire de Montréal, Denis Coderre, l'a contacté directement pour une affaire personnelle. Il voulait lui demander conseil sur le vol d'identité dont il croyait son fils victime.

« C'est arrivé à une reprise et j'ai référé monsieur le maire à la bonne personne », a déclaré Philippe Pichet devant la Commission Chamberland.

Rappelons que le maire de Montréal a porté plainte à la police pour dénoncer un vol d'identité à l'égard de son fils. Il a finalement été révélé qu'il s'agissait d'une invention et que son fils était plutôt aux prises avec un problème de cyberdépendance. Ce dernier est aujourd'hui accusé de méfait, de fraudes de plus de 5000 $ et d'entrave au travail des policiers.

Questionné par le président Jacques Chamberland qui voulait savoir si le maire aurait pu faire les choses autrement, Philippe Pichet a estimé qu'il faut « faire confiance aux personnes en place pour s'assurer que les rôles sont très, très précis ».

« Est-ce que je dois le référer à un poste de quartier ? Je ne suis pas sûr non plus », a poursuivi Philippe Pichet. « Quand il a des tracas personnels, on devrait peut-être faire appel à son chef de cabinet », dit celui qui dirige le SPVM depuis août 2015.

Selon le directeur du SPVM, le maire Denis Coderre comprend bien le concept de séparation des pouvoirs. « Ça a toujours été évident que les opérations, les enquêtes, il ne se mêlait pas de ça », a-t-il dit.

Lundi, son prédécesseur au SPVM, Marc Parent, a affirmé qu'en 2014, Denis Coderre l'avait contacté pour savoir s'il était « normal » qu'une contravention qu'il avait obtenue quelques années plus tôt circule ainsi.

Marc Parent a aussi estimé qu'il aurait été « difficile » de renvoyer le maire à son poste de quartier. « On parle du premier magistrat de la ville, il est question d'informations privilégiées qui se seraient retrouvées entre les mains de tierce partie. Il y a un élément de sensibilité. »

Les fausses informations doivent être « encadrées »

Philippe Pichet a également commenté une technique d'enquête qui a été utilisée par le SPVM pour savoir si certains de ses policiers parlent aux journalistes. Cette technique consiste à diffuser de fausses informations auprès des policiers pour voir si elles se rendront jusqu'aux médias.

« Je ne connais pas le domaine, je ne peux pas me prononcer là-dessus », a d'abord dit le directeur du SPVM, avant que l'avocat adjoint de la Commission, Me Charles Levasseur, ne le relance.

« Il faut que ce soit vraiment bien encadré, le type d'information qu'on va diffuser, en sachant que ça peut se retrouver dans les médias », a finalement précisé Philippe Pichet. Il affirme qu'il n'avait pas été mis au courant que cette technique serait utilisée.

Il a aussi soutenu qu'il ne connaissait pas très bien le logiciel de surveillance Spector 360, qui a été utilisé pour trouver l'origine de fuites dans les médias. Philippe Pichet dit avoir été mis au courant que le logiciel serait utilisé pour débusquer des policiers qui parlaient aux journalistes, mais il ne savait pas si le logiciel serait utilisé sur l'ordinateur de policiers ou de journalistes.

Le témoignage de Philippe Pichet est terminé. La Commission Chamberland reprend ses travaux mercredi matin.