Fin du salaire à 314 000 $ pour le bâtonnier, baisse des cotisations, transparence. En débat mardi, les deux aspirants dans la course à la direction du Barreau du Québec ont tous les deux promis de faire le ménage de cet ordre professionnel qui a vécu de grands remous au cours des dernières années.

Comme La Presse l'a révélé mardi, il ne reste plus que deux candidats, la bâtonnière sortante, Me Claudia Prémont, ayant choisi de se retirer de la course au profit de son adversaire, Me Paul-Matthieu Grondin, pour éviter une course à trois qui aurait pu favoriser Me Lu Chan Khuong.

Le Barreau du Québec a traversé une crise en 2015 quand Me Lu Chan Khuong a été suspendue de ses fonctions après que La Presse a révélé qu'elle avait fait l'objet d'une plainte à la police pour vol à l'étalage l'année précédente. Me Khuong a toujours nié avoir volé quoi que ce soit. Elle n'a jamais été accusée, son dossier profitant d'un programme de déjudiciarisation pour les dossiers mineurs.

Pourquoi Me Prémont s'est-elle retirée ? « Je voulais m'assurer que la personne à la tête du Barreau préservera ce sur quoi j'ai travaillé au cours de la dernière année et demie, soit l'unité, la paix et la sérénité du Barreau, a-t-elle répondu. Me Grondin aurait pu prendre la même décision. Clairement, il ne l'a pas prise. Moi, je l'ai prise. »

LE SALAIRE DU BÂTONNIER

C'est comme cela que Me Grondin, qui s'est dit surpris en entrevue par la décision de Me Prémont et dit avoir reçu son appui avec « humilité », a été le seul à croiser le fer mardi avec Me Khuong lors d'un débat qui s'est tenu à l'UQAM devant un peu plus d'une centaine de personnes.

Les deux candidats s'entendent sur certaines choses. Les deux trouvent notamment aberrant le salaire du bâtonnier, qui est de 314 000 $. Me Khuong propose de le ramener au niveau du salaire du premier ministre du Québec, à 192 000 $, Me Grondin, au niveau du salaire médian des avocats, soit 95 000 $.

Au sujet des cotisations (qui se situent à environ 1000 $ annuellement), Me Khuong souhaite un congé de cotisation pour les avocats à leurs trois premières années de pratique ; Me Grondin, lui, préfère, une modulation des cotisations, selon que les avocats sont en emploi ou non, par exemple.

Certes, les ingénieurs paient la moitié moins, mais « l'Ordre des ingénieurs est en tutelle », a-t-il souligné.

Les deux candidats promettent aussi la fin des jeux de coulisses et le début d'une ère de transparence, avec publication rapide des procès-verbaux des réunions du conseil d'administration.

LES DÉLAIS JUDICIAIRES

Pour limiter les délais judiciaires, Me Khuong plaide pour un changement de culture. « Il n'est pas normal qu'on reprenne le travail à 14h et que ça se termine à 16h30 précises », a-t-elle dit, espérant un allongement des heures des divers tribunaux comme c'est le cas à la cour municipale.

Me Grondin plaide entre autres, lui, pour la nomination assez rapide de juges supplémentaires à la Cour supérieure et pour une meilleure informatisation des palais de justice, qui sont encore en grande partie à l'ère du papier.

À noter qu'alors que la course au bâtonnat bat son plein et que le vote se fera au courant du mois de mai, l'ex-ministre libéral Marc Bellemare, le conjoint de Me Khuong, a fait parvenir des mises en demeure aux administrateurs du Barreau, la semaine dernière, leur reprochant une rémunération excessive. C'est une des gouttes qui ont fait déborder le vase et incité Me Prémont à laisser la voie libre à Me Grondin, a-t-elle relevé.

- Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

PHOTO tirée du site de Grondin Savarese

MPaul-Matthieu Grondin