Québec a lancé lundi 18 nouveaux juges dans la bataille des délais judiciaires afin d'éviter la multiplication des arrêts de procédures par l'arrêt Jordan.

Cette vague de nominations à la Cour du Québec s'accompagne de centaines d'autres embauches, a souligné la ministre de la Justice Stéphanie Vallée, qui estime que la situation des délais judiciaires «est sur le bon chemin». Son collègue Martin Coiteux et elle faisaient le point, trois mois après avoir annoncé un investissement de 175 millions pour juguler la crise.

Le gouvernement a «réalisé presque la majorité» des 573 embauches prévues par les deux ministères dans le cadre de cette annonce, a indiqué la ministre Vallée.

Parmi ceux-là, «52 nouveaux procureurs aux poursuites criminelles et pénales, alors que l'objectif pour le 31 mars était de 45», a-t-elle dit, tout comme «152 employés de soutien» dans le système de justice et 87 à la sécurité publique. Trois nouvelles salles d'audience ont été ouvertes dans la grande région de Montréal.

«Je demeure préoccupée par l'impact de la décision Jordan au quotidien», a fait valoir la ministre, précisant que le Québec tentera prochainement de convaincre la Cour suprême d'assouplir les délais imposés dans l'arrêt Jordan pour les causes criminelles entamées avant qu'il soit rendu.

Lundi, Mme Vallée a justement demandé à son homologue fédérale de «procéder avec célérité» pour solutionner le problème que posent les «deux postes vacants à la Cour d'appel» et les «4 postes à combler à la Cour supérieure», certains depuis 2012. Ces nominations reviennent à Ottawa.

Des vedettes du prétoire

La vague de nominations à la magistrature fait prendre du galon à plusieurs avocats qui ont fait les manchettes au cours des dernières années.

La procureure de la Couronne Maria Albanese, qui a envoyé Guy Turcotte derrière les barreaux en 2015, est du nombre. Me Albanese avait aussi fait condamner Adèle Sorella pour le meurtre de ses deux filles, deux années plus tôt.

De l'autre côté du prétoire, la criminaliste Anne-Marie Lanctôt était de l'équipe qui a fait avorter le premier procès pour meurtre dans la foulée de l'opération SharQc contre les Hell's Angels. Elle avait également réussi à faire libérer le motard Salvatore Cazzetta en 2016, justement sur la base de l'arrêt Jordan.

Pour sa part, Me Pierre Dupras a fait sa carrière en défendant des policiers traînés devant la justice, alors qu'Alexandre Dalmau avait réussi à se hisser jusqu'au poste de numéro 2 du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

En plus de ces habitués de la rubrique judiciaire, deux autres procureurs de la Couronne, cinq autres avocats de pratique privée et trois qui travaillent dans le secteur public accèdent à la magistrature. Deux juges de paix et deux juges de cours municipales prennent aussi du galon.