Aucune sanction ne guette les employés de la DPJ impliqués dans le dossier de deux garçons qui ont été, selon la justice, « totalement abandonnés » pendant huit ans dans une famille d'accueil « toxique » qui les frappait et les humiliait.

Gina Landry, directrice de la protection de l'enfance (DPJ) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, a expliqué en entrevue téléphonique vouloir « regarder vers l'avenir et s'assurer que ça ne se reproduise plus » plutôt que de chercher des coupables.

« J'ai la certitude que toutes les personnes qui ont gravité autour de la situation étaient de bonne foi et je sais que tous ces gens sont ébranlés », a-t-elle affirmé, en confirmant l'absence de toute procédure disciplinaire liée à ce dérapage.

« On va continuer d'épauler notre personnel dans le suivi des enfants qui sont hébergés en famille d'accueil », a-t-elle ajouté.

Dans un jugement cinglant de la Cour du Québec, révélé hier par La Presse, la juge Marie-Josée Ménard montrait sévèrement du doigt les services sociaux pour avoir « toléré l'intolérable » : « les intervenants n'ont pas respecté les protocoles » et la DPJ « n'a pas fait "sa job" correctement » en maintenant deux frères dans un milieu d'accueil « inadéquat et inapproprié ».

UN « GÂCHIS »

Les enfants, placés dans la famille problématique vers l'âge de 6 et 2 ans respectivement parce que leurs parents biologiques étaient toxicomanes, ont fait l'objet d'humiliations et de comportements «hautement questionnables », notamment des tapes au visage, selon la juge. Ils devaient prendre leurs repas à l'écart du reste de la famille.

Ils en ont été sortis l'an dernier, après huit ans.

La DPJ a pris note de nombreux problèmes au fil des années sans toutefois retirer les enfants : un « gâchis », a déploré la juge Ménard.

« On a mis en place des façons de faire qui seront beaucoup plus claires sur la transmission d'informations », a indiqué Mme Landry, hier. Elle a expliqué qu'un registre des problèmes soulevés par les intervenants relativement aux familles d'accueil serait maintenant accessible par les « réviseurs », employés qui peuvent ordonner des retraits d'enfants de familles d'accueil.

« DES TÊTES DOIVENT ROULER »

La vision de Mme Landry ne s'accorde pas avec celle de la Coalition avenir Québec.

« Il y a des têtes qui doivent rouler, a commenté hier le député Sébastien Schneeberger, porte-parole du parti dans ce dossier, par communiqué. Malheureusement, ce n'est pas la première fois que des cas semblables nous sont rapportés. Il y a des personnes qui n'ont plus leur place à la DPJ. »

La ministre responsable de la protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, n'a pas voulu commenter le dossier. Sa porte-parole Bianca Boutin a invité La Presse à contacter la DPJ locale.

Du côté du Parti québécois (PQ), on demandait hier que toute la lumière soit faite sur les dysfonctionnements des services de protection de l'enfance dans ce dossier.

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, sollicitée par la juge Ménard, a confirmé hier qu'elle avait pris le dossier en mains. « La Commission effectue le suivi nécessaire auprès du DPJ », a écrit la coordonnatrice aux communications Patricia Poirier dans un courriel.