Par sa conduite «fautive et répétitive» le 8 décembre 2015, la juge Suzanne Vadboncoeur a porté atteinte à la dignité de la magistrature, et mérite une réprimande, vient de conclure le Comité d'enquête du Conseil de la magistrature.

Le Comité en vient à cette conclusion après avoir regardé toute la preuve et entendu les témoignages de part et d'autre, incluant celui de la juge Vadboncoeur.

L'incident s'était produit vers 22 h dans la soirée du 8 décembre dernier, après le souper de Noël des juges, qui s'était tenu dans un restaurant du Vieux-Montréal. Alors qu'elle était dans sa voiture en attente pour sortir du stationnement souterrain du palais de justice de Montréal, la juge Vadboncoeur, de la Cour du Québec, s'était emportée parce que la porte n'ouvrait pas. Elle avait vertement engueulé le constable spécial affecté à la guérite, et était sortie à trois reprises de sa voiture pour manifester son impatience, envers celui-ci et d'autres venus pour tenter de régler le problème.

«Bande d'épais, même pas capable d'ouvrir une porte. J'ai fini de travailler, je veux partir d'ici», avait-elle dit, entre autres.

La juge Vadboncoeur était la troisième voiture de la file qui attendait pour sortir, et elle seule a agi ainsi. Quand la panne a été terminée, elle est sortie en faisant crisser ses pneus. La voiture du conducteur qui était derrière elle était celle d'un autre juge, Vincenzo Piazza, qui a trouvé l'attitude de sa collègue déplorable. Il s'est excusé auprès d'un constable, en disant que «les juges ne sont pas comme ça en général.» Il ne voulait toutefois pas être impliqué dans l'affaire

Le juge Piazza s'est excusé de nouveau le lendemain pour sa collègue, et a présenté un formulaire de plainte à la capitaine des constables, Nathalie Roy. Le constable Robert David Jean a finalement porté plainte en janvier dernier. Il est à noter que l'incident avait été filmé par une caméra de surveillance du palais.

L'affaire a été éventée par Le Journal de Montréal, quelques jours avant la première audience du 9 juin. Le journaliste Michael Nguyen avait publié des pans de la preuve, qui étaient accessibles sur le site du Conseil de la magistrature.

Le Conseil de la magistrature a porté plainte et une enquête a été ouverte par la SQ. Dans la foulée, les policiers ont saisi l'ordinateur du journaliste. Le Journal de Montréal conteste la validité du mandat de perquisition, et l'affaire est toujours pendante.

Le journaliste Tristan Péloquin, de La Presse, a révélé il y a quelques semaines que c'est le site du Conseil de la magistrature qui n'était pas sécurisé.