Le gouvernement canadien a délivré une ordonnance d'expulsion à l'endroit d'un sexagénaire de Laval qui avait été condamné il y a 20 ans dans une affaire de drogue liée à la mafia montréalaise, et qui a purgé sa peine depuis.

L'Agence des services frontaliers du Canada a ordonné vendredi que Michele Torre, âgé de 64 ans, soit déporté vers son Italie natale vendredi prochain, le 16 septembre.

Son avocat a indiqué au téléphone que les agents fédéraux avaient déjà un billet d'avion pour son client. Me Stéphane Handfield dénonce le fait qu'Ottawa n'ait amorcé les procédures d'extradition qu'en 2013, soit près de 20 ans après sa condamnation. Me Handfield a fait appel de la décision de l'Agence dès vendredi, et devrait obtenir une réponse lundi ou mardi.

Arrivé au Canada en 1967, Michele Torre avait obtenu rapidement le statut de résident permanent. En 1996, il avait plaidé coupable à une accusation de complot pour importation de cocaïne dans une affaire liée au clan Cotroni; il a depuis purgé une partie de sa peine de neuf ans de prison.

Sa fille Nellie a indiqué au téléphone que M. Torre était cuisinier dans un café de Montréal depuis 1992 lorsque l'établissement a été acquis par des membres du crime organisé deux ans plus tard. Un jour, en 1994, son patron lui a demandé d'aller cueillir un colis qui contenait disait-il «du café». Nellie Torre raconte que ce n'est que trois jours après son arrestation que son père a compris la manoeuvre.

Me Handfield soutient qu'Ottawa aurait pu l'expulser du pays dès sa condamnation, en 1996, alors que ses enfants étaient encore jeunes. Aujourd'hui, Michele Torre devrait laisser derrière lui une femme souffrante, trois grands enfants et six petits-enfants, a déploré sa fille Nellie, en larmes.

Ottawa tente depuis 2013 d'expulser M. Torre, l'accusant de «criminalité grave et organisée».

M. Torre avait été arrêté à nouveau en 2006 lors d'une vaste opération menée contre la mafia, mais il a finalement été acquitté, non sans avoir passé trois ans en détention préventive.

Me Handfield soutient que son client, qui vit au Canada depuis près de 50 ans, n'a entretenu aucun lien avec le crime organisé après son arrestation en 1996. Si la contestation à l'Agence des services frontaliers devait échouer, il envisage de porter l'affaire en Cour fédérale. L'avocat a aussi écrit aux ministres fédéraux de l'Immigration et de la Sécurité publique afin de leur demander d'intercéder en faveur de son client, pour des motifs humanitaires.