L'ancien premier ministre Bernard Landry, qui a signé avec trois autres ex-premiers ministres du Québec une lettre ouverte critique à l'égard de Lu Chan Khuong, se réjouit du dénouement de la crise au Barreau du Québec. «Globalement, ce que nous souhaitions, même si rien n'est parfait, est arrivé. [...] On souhaitait la paix et ils ont fait une entente amicale», laisse entendre Bernard Landry en entrevue à La Presse.

Une avocate avec un dossier non judiciarisé pour vol à l'étalage peut-elle être bâtonnière du Québec? «C'était à elle de juger, dit Bernard Landry. Elle a jugé, elle se retire. Je ne connais pas les faits, personne ne les connaît profondément. Elle est plutôt portée à la transparence. Elle a parlé de rendre disponibles les vidéos. Évidemment, elle a du travail à faire pour rétablir totalement sa réputation et elle a droit à toutes les présomptions favorables.»

Dans leur lettre publiée le 2 septembre dernier, les anciens premiers ministres Lucien Bouchard, Daniel Johnson, Pierre Marc Johnson et Bernard Landry - tous membres du Barreau du Québec - exprimaient l'opinion que la bâtonnière Lu Chan Khuong aurait dû «se résoudre à quitter avec élégance temporairement ses fonctions et consacrer ses énergies à dissiper le malaise que faisaient naître les allégations qu'elle estime sans fondement». Ils considéraient aussi qu'il «importe d'en venir à l'essentiel à la vérité des faits».

Par devoir

Bernard Landry «espère» que la lettre des ex-premiers ministres a pu contribuer au règlement du litige opposant Lu Chan Khuong au conseil d'administration du Barreau, qui l'a suspendue de ses fonctions le 1er juillet à la suite d'un article de La Presse affirmant que Me Khuong avait fait l'objet d'une plainte policière et avait un dossier non judiciarisé pour vol à l'étalage. «On a fait ça par devoir, dit Bernard Landry. On trouvait que ces turbulences étaient néfastes pour une corporation, le Barreau, et une personne, la bâtonnière, et là il semble que les deux soient sur le chemin de l'harmonie.»

L'ex-premier ministre péquiste espère que l'affaire Khuong n'aura pas de conséquences sur le programme de non-judiciarisation de certaines infractions criminelles. «La non-judiciarisation, c'est parfaitement légal, explique Me Bernard Landry. Ce sont nos législateurs qui l'ont décidé. Ils ont décidé aussi de l'anonymat et du secret. Hélas, ça a été violé. Il faudrait que le gouvernement assume ses responsabilités et voie qui a été le responsable de la fuite, pour que ça ne se reproduise plus.»

Me Daniel Johnson et Me Pierre Marc Johnson ont indiqué mardi qu'ils ne commenteraient pas le règlement intervenu dans le dossier Khuong et la démission de la bâtonnière. Me Lucien Bouchard n'a pas rappelé La Presse.