L'Unité permanente anticorruption (UPAC) enverra ce matin deux policiers au Panama pour s'assurer qu'Arthur Porter est bien mort et que l'annonce de sa disparition n'est pas un nouveau subterfuge pour échapper à la justice québécoise.

À l'instar de saint Thomas qui ne croyait que ce qu'il voyait de ses propres yeux, les enquêteurs anticorruption refusent de fermer le dossier de celui qu'ils accusaient d'être au coeur de «la plus importante fraude de corruption de l'histoire du Canada» uniquement sur la foi des déclarations de l'entourage de Porter ou de ses médecins.

«L'UPAC n'a reçu aucune confirmation officielle du décès de l'accusé Arthur Porter de la part des autorités panaméennes. L'UPAC n'a pas non plus reçu la preuve exigée pour valider l'authenticité du corps. Il nous apparaît donc essentiel et prioritaire d'obtenir rapidement cette preuve», a déclaré par voie de communiqué le commissaire à la lutte contre la corruption Robert Lafrenière.

C'est le biographe de Porter qui a annoncé le premier mercredi la mort de l'ancien patron du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Selon lui, son cancer des poumons s'était propagé à son foie et ses os. L'information a été confirmée par la famille Porter et par le porte-parole de l'Institut oncologique national du Panama.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales avait annoncé lui aussi mercredi qu'il lui faudrait d'autres preuves que ces déclarations. Les limiers de l'UPAC vont tenter d'obtenir ces preuves sur le terrain dès demain avec l'aide, notamment, d'un agent de liaison de la GRC.

Arthur Porter avait tenté de s'échapper en utilisant ce qu'il disait être un passeport diplomatique lors de son arrestation au Panama à la demande des autorités canadiennes, en 2013. Depuis, il a multiplié les procédures judiciaires pour éviter d'être extradé vers le Canada, où il faisait face à des accusations dans le cadre du trucage de l'appel d'offres du CUSM.

Hier, La Presse a révélé que pendant son incarcération au Panama, Arthur Porter a fondé une entreprise avec des membres de l'entourage de l'ancien narcodictateur Manuel Noriega, notamment l'ancien ministre du Commerce du Panama. Des transferts de fonds auraient eu lieu en lien avec cette société, mais on ignore à quelle fin.