Un enfant de 4 ans qui fréquentait le centre de la petite enfance (CPE) Funville, à Verdun, aurait été victime d'attouchements sexuels en 2012 et en 2013. Un éducateur remplaçant de l'établissement, Andrew Phillips, 25 ans, fait face à deux accusations de contacts sexuels sur un mineur.

Selon des documents de cour, Phillips aurait touché le pénis de l'enfant à plusieurs reprises durant la sieste, entre mars 2012 et janvier 2013. L'homme travaillait dans cette garderie comme remplaçant durant l'été et le congé des Fêtes.

En mars 2013, le petit aurait raconté les faits à un membre de sa famille. Il aurait mimé les gestes de Phillips et raconté que les événements se produisaient lors de la sieste.

Phillips a été arrêté en mai 2013 et libéré sous conditions.

Le CPE Funville possède un permis de 78 places, dont 10 sont réservées pour des poupons.

La directrice du CPE, Antoinette Colasurdo, a indiqué que le souvenir de ces événements est «difficile». «Ça me dérange beaucoup», a-t-elle dit, tout en assurant que son CPE est un «milieu avec une excellente réputation».

Mme Colasurdo affirme avoir suivi à la lettre les procédures recommandées et avoir pris «toutes les mesures administratives nécessaires» dès que les événements lui ont été rapportés. Elle indique que les antécédents judiciaires de tous ses employés sont systématiquement vérifiés. «C'est impossible d'engager quelqu'un qui a un dossier judiciaire», a-t-elle dit.

Règles resserrées, mais pas dans les CPE

Mardi dernier, la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, a annoncé qu'elle resserrera les règles de sécurité et de surveillance dans les services de garde familiaux subventionnés.

La ministre réagissait ainsi à un reportage de Radio-Canada relatant l'agression d'une fillette dans une garderie subventionnée en milieu familial. Mardi, la ministre a reconnu que la sécurité des enfants qui fréquentent ces milieux est «déficiente». La révision des règles annoncée par la ministre ne touchera toutefois pas les centres de la petite enfance (CPE).

Procédures spécifiques

La porte-parole du ministère de la Famille, Nadia Caron, explique que les procédures à suivre dans le cas d'agressions sexuelles dans les CPE sont déjà dictées par une entente multisectorielle impliquant notamment la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et les services policiers.

«Grosso modo, le CPE doit attendre que la police et la DPJ fassent leur enquête avant de faire la sienne», résume la responsable des affaires juridiques à l'Association des centres de la petite enfance du Québec (AQCPE), Marie-Pierre Côté.

Elle indique que tout employé qui fait l'objet d'une enquête pour des gestes à caractère sexuel est suspendu le temps que la lumière soit faite sur les allégations. Dès que des accusations criminelles sont portées, un éducateur ne répond plus aux exigences de l'emploi et ne peut continuer de travailler.

Les CPE ont-ils l'obligation de dire aux parents dont les enfants utilisent leurs services si des accusations à caractère sexuel sont portées contre un de leurs employés? «Non. Il n'y a pas d'obligation formelle en ce sens», note Mme Côté.

Mme Colasurdo reconnaît d'ailleurs ne pas avoir averti les parents de son CPE après les faits. Ce n'est pas son rôle. «On m'a bien expliqué qu'il faut protéger la confidentialité de plusieurs personnes dans des cas comme ça», explique-t-elle.

Mme Caron précise que les renseignements sont transmis aux autres parents «par le DPJ ou l'enquêteur au moment où ils le jugeront opportun». «La direction du CPE est informée de l'importance de ne pas divulguer de renseignements afin de ne pas compromettre l'enquête criminelle», explique Mme Caron.

Andrew Phillips sera de retour en cour le 5 juin pour subir son enquête préliminaire.

- Avec la collaboration de Daniel Renaud

Signalements

Nombre de signalements reçus par le ministère de la Famille du Québec pour abus sexuels (dossiers fondés)



2012-2013


• CPE: 0

• Garderie: 0

• Milieu familial: 11



2013-2014


• CPE: 1

• Garderie: 0

• Milieu familial: 12