Insatisfaits de la gestion de la crise de l'eau potable survenue sur la Rive-Sud la semaine dernière, des citoyens de Longueuil veulent intenter un recours collectif de près de 29 millions de dollars contre la municipalité, à qui ils reprochent notamment son «imprudence» et sa «négligence».

La demande d'autorisation du recours, qui doit être déposée dès l'ouverture du palais de justice de Longueuil ce matin, exige le versement d'un montant de 100$ à chacun des résidants du Vieux-Longueuil, de Saint-Hubert, de Saint-Bruno-de-Montarville et de Boucherville qui ont été touchés par l'interdiction de consommer de l'eau potable entre le 14 et le 16 janvier 2015.

Au total, ce serait donc 288 100 personnes, selon les chiffres de la poursuite, qui pourraient être admissibles à une telle compensation pour le «stress, l'anxiété, les troubles et inconvénients» subis dans cette affaire.

«Ce n'est pas le fait qu'on ait manqué d'eau qui me dérange le plus. C'est la manière dont on a été traités. On n'a pas donné toutes les informations nécessaires à la population. Il y a des personnes âgées qui ont dû faire la file, dehors, à -30 degrés. Ça ne devrait pas arriver», a déploré le représentant citoyen de la poursuite, Robert Ouimet, un résidant de Boucherville.

L'avocat qui pilote le dossier a pour sa part évoqué une «faute majeure» de la part de la Ville. «Ils ont pris beaucoup trop de temps à avertir la population. L'avis de non-consommation de l'eau a été envoyé le jeudi à 10h. C'est un décalage de presque 16 heures», a déclaré Jacky-Éric Salvant, de la firme Perrier et avocats.

La requête est claire à cet effet: la Ville de Longueuil a «beaucoup trop tardé à émettre un avis de non-consommation de l'eau» et a fait preuve à cet égard «de nombreux manquements et négligences répétés dans sa gestion de la crise», lit-on dans le document judiciaire.

Les auteurs de la demande de recours collectif reprochent aussi à Longueuil de ne pas avoir avisé «les autorités compétentes en matière environnementale» dans les délais exigés par la loi.

Urgence-Environnement a adressé une critique semblable à la Ville mercredi soir, alors que l'équipe de la mairesse Caroline Saint-Hilaire annonçait que le réseau d'eau potable n'avait pas été touché par le déversement de 28 000 litres d'hydrocarbures.

La poursuite estime également que Longueuil aurait dû mettre sur pied un système d'appels automatisés pour informer la population de la diffusion d'un avis de non-consommation de l'eau.

Informée par La Presse du dépôt de la requête en autorisation d'un recours collectif, la porte-parole de la Ville de Longueuil, Marie-Ève Imonti, a indiqué que la mairesse St-Hilaire ne souhaitait pas faire de commentaire.

Fin des mesures d'urgence

Accompagnée des maires Jean Martel et Martin Murray, de Boucherville et de Saint-Bruno-de-Montarville, la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, a annoncé hier la fin des mesures d'urgence et de la distribution de bouteilles d'eau. Elle a dit souhaiter ouvrir une enquête pour faire la lumière sur le fil des événements, ce que ses homologues ont aussi exigé.