Le représentant syndical de la FTQ-Construction sur la Côte-Nord, Bernard «Rambo» Gauthier, a finalement interjeté appel de sa condamnation pour intimidation à l'endroit d'un entrepreneur en construction de Sept-Îles.

Le 5 décembre dernier, la Cour du Québec l'avait reconnu coupable d'avoir fait de l'intimidation à l'endroit de l'entrepreneur Frédéric Boucher, lors d'un conflit de travail dans l'industrie de la construction en juin 2013 à Sept-Îles.

Après avoir entendu MM. Gauthier et Boucher, de même que d'autres témoins, le juge Michel Parent avait statué que l'entrepreneur avait bel et bien été intimidé par les insultes, les invectives et les menaces de violence de Bernard Gauthier à son endroit et qu'il avait alors craint pour sa sécurité.

Selon l'entrepreneur, Bernard Gauthier ne se trouvait qu'à quelques pouces de son visage lorsqu'il l'insultait, mais selon «Rambo», il se trouvait plutôt à trois ou quatre pieds. Devant le tribunal, un témoin de la scène qui travaillait comme surintendant de la compagnie avait comparé la scène entre MM. Gauthier et Boucher au célèbre face à face entre «Lasagne» et un militaire lors de la crise d'Oka.

Le juge Parent avait souligné que Bernard Gauthier était «allé plus loin» que les invectives et les insultes, en lançant à l'entrepreneur Boucher: «t'aimerais ça, hein, t'aimerais ça. T'attends rien que ça que je t'en crisse une sur la gueule».

Le juge avait conclu qu'une personne raisonnable et sensée, dans de telles circonstances, «percevrait ces propos comme une menace de violence». Il l'avait donc reconnu coupable d'intimidation et avait fixé au 3 février la prochaine audience pour les représentations sur sa peine.

La FTQ-Construction a précisé à La Presse Canadienne, mardi, qu'à cette occasion, l'avocat de Bernard Gauthier allait aussi demander son absolution, en plus d'interjeter appel pour faire annuler le verdict de culpabilité et y substituer un acquittement.

Dans sa requête en appel devant la Cour supérieure, l'avocat de Bernard Gauthier soutient que le juge de première instance a erré en accordant de la crédibilité à l'entrepreneur «malgré la mémoire défaillante de ce témoin».

Il déplore aussi que le juge de première instance n'ait pas tenu suffisamment compte de la personnalité de Bernard Gauthier et du contexte de l'incident en cause.

Il allègue également le «caractère faible de la preuve de la poursuite en ce que les témoins se contredisaient».

Il soutient aussi que le juge a erré en concluant que les paroles prononcées par Bernard Gauthier démontraient un comportement menaçant envers Frédéric Boucher.

Son avocat fait aussi valoir que le travail de Bernard Gauthier, à titre de représentant syndical des opérateurs de machinerie lourde pour la FTQ-Construction sur la Côte-Nord, consistait au contraire à «juguler l'agressivité dégagée au moment de l'événement afin que le tout soit conforme à ses directives», selon lesquelles il ne voulait ni violence ni menace.