«Le jugement rendu contre Eddy Savoie va au-delà de ce cas particulier. Ça donne plus d'espace pour tous les gens qui défendent le bien commun... C'est une grande victoire», a déclaré l'avocat Jean-Pierre Ménard en conférence de presse lundi matin.

Celui qui a défendu Pierrette Thériault-Martel dans sa lutte contre l'homme d'affaires Eddy Savoie a convoqué les médias pour souligner l'importance du jugement rendu la semaine dernière contre le propriétaire des résidences Soleil.

Dans un jugement daté du 15 août, le juge Gary D. Morrison a condamné Eddy Savoie à payer près de 300 000 $ à Mme Thériault-Martel, dont 200 000 $ en dommages punitifs. M. Savoie avait été reconnu coupable de poursuite baillon contre Mme Thériault-Martel en 2013.

Alors que sa mère était hébergée au Centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) St-Lambert-sur-le-Golf en 2011, Mme Martel avait sévèrement critiqué la qualité des soins offerts dans cet établissement, propriété de M. Savoie.

En juillet 2011, M. Savoie avait déposé une poursuite en diffamation de 400 000 $ contre Mme Martel, poursuite qui a été jugée abusive en 2013, après des mois de démarches judiciaires.

Mme Martel s'est dite «très soulagée» par la décision du juge Morrison.

«Je suis contente du résultat. Mais ma vraie victoire, c'est pour toutes les familles qui ont des proches hébergés en CHSLD et qui veulent défendre leurs droits. J'invite ces gens à défendre et à protéger leurs proches», a dit Mme Thériault-Martel.

«Les meilleurs jugements pour ce genre de poursuite bâillon jusqu'à maintenant au Québec avaient établi les dommages punitifs à 50 000 $. Avec 200 000 $, les tribunaux commencent à réaliser la gravité objective des poursuites bâillon», a ajouté Me Ménard.

Ce dernier a toutefois précisé qu'il a fallu trois ans à Mme Martel pour clore sa bataille. «C'est trop long», estime Me Ménard.

Pour le président de l'Association de défense des droits des personnes retraitées (AQDR), Louis Plamondon, le jugement est «un grand signal sur la défense des droits des personnes vulnérables». «C'est un signal fort de la cour, qui dit non à l'intimidation», dit-il.