Le ministère de la Justice a annoncé 13 nouvelles nominations judiciaires la semaine dernière. Douze d'entre elles sont comblées par des hommes, tandis que la seule désignation féminine concerne une promotion vers un tribunal supérieur et non un nouveau visage dans le bassin de juges fédéraux.

Alors que la controverse fait encore rage autour des propos allégués du ministre de la Justice, Peter MacKay, sur le manque de candidatures féminines, certains experts soutiennent que les perspectives pour les femmes juges se sont amenuisées sous les conservateurs.

Linda Robertson, qui préside le Forum des avocates de l'Association du Barreau canadien en Colombie-Britannique, a dit croire vendredi que les désignations de femmes «n'avaient pas cessé, mais avaient assurément ralenti» depuis la prise de pouvoir du gouvernement conservateur. Elle a soutenu qu'il ne s'agissait pas d'un problème sous les libéraux.

Le ministère de M. MacKay n'est pas de cet avis, disant que 34 % des juges en exercice sont des femmes, comparativement à 29 % lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir à Ottawa.

Le président de l'Association du Barreau canadien, Fred Headon, a toutefois fait valoir un manque d'équité parmi les juges dans un discours, vendredi, lors de la conférence annuelle de l'association sur la loi constitutionnelle et les droits humains à Ottawa.

M. Headon a dit croire que les tribunaux à tous les échelons ne reflétaient pas encore «l'équilibre des genres et la diversité de la société canadienne». Il a appelé le gouvernement fédéral à dévoiler des données pour mieux cerner la situation. Mme Robertson lui a fait écho, exhortant le gouvernement fédéral à dévoiler annuellement le nombre d'hommes et de femmes qui appliquent pour des postes de juges au pays.

«Depuis des années, ils nous disent qu'ils nommeraient plus de femmes, mais que les candidates ne sont tout simplement pas présentes. Mais étant donné l'opacité (de l'information), nous ne pouvons pas savoir si c'est vraiment le cas», a exprimé Mme Robertson.

La question de la répartition des juges hommes et femmes a fait controverse après que le Toronto Star eut indiqué que le ministre de la Justice, Peter MacKay, avait soutenu à l'Association du Barreau de l'Ontario que les femmes ne postulaient pas pour ces emplois, car elles craignent que le travail de juge les éloigne trop de leurs enfants.

M. MacKay n'a pas réfuté le reportage du Toronto Star, mais a dit par la suite sur Facebook qu'il avait tenté d'encourager la désignation de davantage de femmes.

Vendredi, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a appelé le premier ministre Stephen Harper à retirer le portefeuille de la Justice à M. MacKay.

«Il serait vraiment approprié pour le premier ministre de désigner quelqu'un d'autre pour cet emploi», a dit M. Mulcair en entrevue.

«L'égalité entre hommes et femmes devrait être quelque chose qui est défendu par le ministre de la Justice, et je crois vraiment que M. Harper n'a d'autre choix que d'envisager de le retirer», a-t-il ajouté.