Atteint d'une balle lors de l'attentat perpétré à la porte du Metropolis le soir du 4 septembre 2012, Dave Courage réclame 295 000 $ à l'équipe Spectra et au gouvernement du Québec.

M. Courage leur reproche de ne pas avoir assuré la sécurité des lieux adéquatement, vu l'ampleur de l'événement. C'était soir d'élections et le Parti Québécois y célébrait sa victoire.

«Je me rappelle de tout. J'ai vu plus de sécurité dans les show de rock», a indiqué M. Courage, avec qui La Presse s'est entretenue, mercredi après-midi.

M. Courage était technicien de scène pour Les Productions du Grand Bambou au moment des événements. Dans sa poursuite, l'homme maintenant âgé de 28 ans, raconte qu'il est arrivé au Metropolis vers 23h55 avec Denis Blanchette, son collègue de travail. Ils devaient monter la scène en vue du rassemblement du PQ.

Plus tard, alors qu'il se trouvait à quelques pieds d'une entrée latérale de l'établissement, M. Courage a été atteint d'une balle. Également atteint, M. Blanchette est mort sur le coup. M. Courage a été amené à l'Hôpital général de Montréal. La balle était entrée par la hanche droite, et les médecins «l'ont retirée par le côté gauche», a-t-il dit, en signalant que le projectile avait notamment fracturé son coccyx. Il a été hospitalisé sept jours mais ses ennuis de santé n'étaient pas réglés pour autant. Pendant les quatre mois suivants, il a vécu avec une colostomie. «Et ça a mal guéri. La peau a collé après mon mur abdominal», a-t-il expliqué. 

M. Courage signale que depuis, il souffre de dommages physiques et psychologiques nécessitant l'intervention d'experts, notamment en physiothérapie et ergothérapie. Il soutient aussi que les séquelles psychologiques et le stress post-traumatique l'empêchent de retourner au travail. Il a présentement une limitation partielle permanente évaluée à 24%. Sa mère, Yvonne Courage, qui demeure en Floride, s'est occupée de ses besoins jusqu'ici, précise-t-on dans le document. Elle est partie à la poursuite.

Déçu 

«Il y a beaucoup de choses que je ne peux plus faire. Ma vie ne va plus jamais être pareille», se désole M. Courage, qui se dit très déçu des «actualités et du système.»

Moralement, ça ne va pas bien, dit celui qui a trois enfants. «Avec ce que je vis, ma situation familiale est très compliquée.» Il dit recevoir 50 $ par jour de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), alors qu'avant, il pouvait faire 60 heures par semaine. Face à l'avenir, il n'a aucun idée à quoi s'attendre.

Richard Henry Bain est en attente de procès pour ce malheureux événement. Il fait face à une quinzaine d'accusations, incluant meurtre prémédité, tentatives de meurtres, incendie criminel, possession d'armes... M. Courage suit l'évolution du dossier à distance. Il n'est pas certain encore s'il sera appelé à témoigner.

«Je me rappelle de chaque instant. Je les vois dans mes rêves», dit-il.

La poursuite est pilotée par l'avocat Jamie Benizri, de Legal Logik Inc.

PHOTO MATHIEU WADDELL. LA PRESSE

Yvonne Courage, la mère de M. Courage, aide son fils.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Richard Henry Bain doit répondre de 16 chefs d'accusation, dont celui de meurtre au premier degré du technicien de scène Denis Blanchette. Il possédait une vingtaine d'armes à feu, dont cinq qu'il transportait avec lui le soir du 4 septembre.