Passant de la parole aux actes André Boisclair, Délégué général du Québec à New York, a déposé une poursuite en diffamation de 200 000 $ contre les députés Jacques Duchesneau et François Legault, ainsi que leur parti, Coalition Avenir Québec.

Cette poursuite vise des propos que M. Duchesneau a tenus à l'encontre de M. Boisclair, les 25 et 26 septembre dernier. Ces propos ont été tenus en lien avec le passage à la Commission Charbonneau de l'entrepreneur Paul Sauvé. M. Sauvé a raconté qu'en 2006, il aurait rencontré un membre du crime organisé des Hells Angels, groupe qui aurait infiltré son entreprise.

M. Duchesneau a laissé entendre que M. Boisclair, du temps où ce dernier était ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole, avait favorisé son ami Paul Sauvé, de l'entreprise L.M. Sauvé, en autorisant une subvention de 2.5 millions à l'église St-James à Montréal, en 2003. Le travail a été réalisé par l'entreprise de M. Sauvé.



Dans sa poursuite, M. Boisclair explique que le 10 avril 2003, trois jours avant les élections qui allaient provoquer la chute du gouvernement péquiste, il a signé une lettre adressée au révérend Arlen Bonnar, dirigeant de l'église St-James. Cette lettre stipulait que le projet de restauration de l'église était admissible à une subvention de 2.6 millions $ sous réserve de l'obtention par l'Assemblée nationale des crédits nécessaires. 

«Le défendeur Duschesneau savait ou devait savoir que la lettre du 10 avril 2003 n'accordait aucune aide financière, mais confirmait plutôt l'admissibilité de l'Église St-James à l'aide financière, laquelle a ultimement été versée par le gouvernement libéral», lit-on dans la poursuite. L'aide financière allait à l'église, et non à M. Sauvé ou à son entreprise, précise-t-on aussi dans les documents.

La cocaïne 

M. Boisclair reproche à M. Duchesneau d'en avoir rajouté, en insinuant que la consommation de cocaïne avait pu influencer la décision de M. Boisclair.

«La question qu'on pose : M. Sauvé étant associé aux Hells Angels, et qu'on ait une subvention de 2,5 millions de dollars donnée... Est-ce que c'est venu influencer sa décision? Je ne sais pas», avait dit M. Duchesneau. 

Appelé è préciser sa pensée, M. Duchesnau avait dit : «Je fais le lien entre 2,5 millions $, quelqu'un associé aux Hells Angels et quelqu'un qui a consommé et qui prenait les décisions.»

M. Boisclair évalue que M. Duchesneau a encore alourdi son cas le lendemain, en soumettant qu'il consommait de la cocaïne en 2003, et en s'interrogeant ouvertement sur l'endroit où il achetait sa drogue. «Est-ce que M. Boisclair a eu des pression indues pour donner...» 

La poursuite reproche à M. Legault, chef de la CAQ, d'avoir appuyé les propos diffamatoires de M. Duchesneau, en disant que M. Boisclair a donné une aide financière de 2.6 millions $ «à un ami personnel», et que Mme Marois devait relever André Boisclair de ses fonctions le temps que la lumière soit faite sur ce point.

Diffamation intentionnelle

M. Boisclair estime que M. Duchesneau, M. Legault et la CAQ l'ont intentionnellement diffamé et porté atteinte à sa réputation aux yeux du public, dans une stratégie abusive de communication partisane. Il réclame 200 000 $, soit 100 000 $ en dommages moraux, et 100 000 $ en dommages exemplaires, une rétractation et une lettre d'excuse à être publiées dans tous les médias qui ont repris les propos de M. Duchesneau et Legault. 

Rappelons que M. Boisclair a décidé de cesser temporairement ses fonctions de Délégué général à New York, pour revenir à Montréal, afin de se défendre dans cette affaire.



PHOTO LA PRESSE CANADIENNE

Le chef de la CAQ François Legault et son député Jacques Duchesneau.