Les défis demeurent considérables dans la gestion des prisonniers aux prises avec des problèmes de santé mentale, a reconnu, mercredi, le grand patron des pénitenciers canadiens.

Don Head, commissaire du Service correctionnel du Canada, a ajouté du même souffle que si l'enquête publique sur la mort de la jeune Ashley Smith débouchait sur des recommandations trop coûteuses, celles-ci seraient rejetées.

«Nous n'avons pas les fonds nécessaires pour implanter certaines de ces choses», a-t-il soutenu lors de son témoignage à Toronto.

Entre 2001 et 2005, 85 suicides, morts accidentelles et homicides ont été recensés dans les prisons fédérales. Les services correctionnels ont mis en application le tiers des recommandations du jury du coroner, a-t-on indiqué, mercredi.

M. Head a insisté pour dire que des améliorations avaient été apportées depuis que la mort de la jeune femme.

Ashley Smith s'est enlevée la vie, en octobre 2007, dans sa cellule d'isolement de l'Établissement pour femmes Grand Valley, près de Kitchener, en Ontario, sous le regard des gardiens. La jeune femme originaire de Moncton, au Nouveau-Brunswick, était âgée de 19 ans.

«L'une des choses qu'Ashley Smith nous a montrées est que certaines parties de l'organisation ne collaboraient pas entre elles», a indiqué M. Head.

Le partage d'information entre les professionnels de la santé et le personnel des pénitenciers a été renforcé, et des équipes «multidisciplinaires» sont déployées pour gérer les problèmes des prisonniers, a-t-il poursuivi.

M. Head a également reconnu que le manque de formation avait eu une incidence sur les difficultés du personnel à aborder la maladie mentale de l'adolescente, mais que des formations intensives étaient trop coûteuses et complexes à mettre en place.

Il était commissaire-adjoint au moment où Ashley Smith était emprisonnée, mais a été absent six mois sur l'année qu'a passée la jeune femme dans des pénitenciers fédéraux.

Bien que 22 rapports concernant la propension de la jeune femme à se mutiler aient passé sur son bureau, il a soutenu n'avoir eu que peu à voir avec la gestion de son cas.

«Il n'y avait rien, à ce moment-là, qui s'est présenté à mon bureau et nécessitait une attention additionnelle au dossier d'Ashley», s'est-il défendu.

M. Head a tenté d'éviter de devoir comparaître à l'enquête, soutenant que malgré l'assignation qui lui avait été remise, il n'avait rien à voir avec le décès tragique d'Ashley Smith. Sa demande d'exemption avait toutefois été rejetée par le coroner, le Dr John Carlisle.