Pour la première fois depuis qu'il a été capturé par les Américains en Afghanistan en 2002, Omar Khadr sera présent en personne devant un tribunal canadien, lundi. Le jeune homme de 27 ans contestera sa détention dans un pénitencier à sécurité maximale. Une décision en sa faveur faciliterait un processus de libération conditionnelle.

L'ancien détenu de Guantanamo qui a plaidé coupable à des accusations de meurtre et de soutien matériel au terrorisme était âgé de 15 ans au moment des faits. Son avocat, Me Dennis Edney, fera valoir devant la cour supérieure de l'Alberta, que son client était alors mineur et qu'il doit donc purger une peine dans un établissement provincial, selon la loi sur le transfert international des délinquants.

Le 31 octobre 2010, un jury militaire de la base américaine de Guantanamo à Cuba a condamné Khadr à 40 ans de prison. Mais en vertu d'une entente conclue entre la défense et la justice américaine, il plaidait coupable et devait purger, en échange, une peine 8 ans. Transféré au Canada en septembre 2012, il lui restait donc six ans à passer derrière les verrous.

Depuis son retour au pays, Khadr a été détenu dans des prisons fédérales à sécurité maximale, soit à Millhaven en Ontario, puis à Edmonton, à partir de mai dernier. Le maintenir dans ce type d'établissement où les conditions de détention sont beaucoup plus strictes signifie surtout qu'il purgera l'intégralité de sa peine.

«Ça n'arrive jamais qu'une personne soit libérée directement d'un établissement à sécurité maximale. Il faut passer de sécurité maximale, à sécurité moyenne puis à sécurité minimale», a expliqué l'avocate criminaliste, Me Danièle Roy.

Dans la plupart des cas, poursuit-elle, les gens sont admissibles à une libération conditionnelle, au tiers de leur sentence. «Il peut arriver comme dans le cas de Karla Homolka, qu'on décide, pour des raisons politiques ou autre, de garder la personne dans un pénitencier à sécurité maximale pour qu'elle fasse sa sentence au complet. Mais c'est très exceptionnel».

Pourtant, les Américains avaient catégorisé Khadr comme un détenu relevant de la sécurité minimale. Le directeur du BEC, Ivan Zinger a même pressé les autorités carcérales canadiennes de réévaluer la classification du jeune homme, selon une lettre obtenue par La Presse Canadienne.

Si Khadr obtient une victoire demain, cela simplifierait sa demande de libération auquel il est admissible depuis juillet dernier. Son avocat a refusé toutefois de commenter le sujet.

« Pour savoir ce qui se passera ensuite vous devez attendre. Le gouvernement essaie de gagner du temps pour qu'Omar reste en prison jusqu'au dernier jour [de sa sentence]. L'audience [d'aujourd'hui] n'est que la première étape de mon plan, mais je ne peux vous en dire plus afin de ne pas influencer le juge lundi», a déclaré son avocat dans une entrevue avec La Presse.

Aux nombreuses questions de La Presse, le ministère de la Sécurité publique ne fournit qu'une seule réponse depuis un mois : « Omar Ahmed Kahdr a plaidé coupable et reconnu avoir commis des crimes haineux, dont l'assassinat du sergent infirmier américain Christopher Speer. Le gouvernement du Canada s'opposera vigoureusement à toute action judiciaire demandant une réduction de la peine prononcée à son égard».