Le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, «n'écarte aucune démarche» pour connaître les raisons qui ont poussé l'ex-présidente du Tribunal administratif du Québec (TAQ), Hélène de Kovachich, à octroyer un mandat de plus de 144 000$ à Me Luce Gayrard, spécialisée en droit familial.

Me de Kovachich a annoncé jeudi sa décision de quitter son poste comme présidente du Tribunal administratif du Québec. Elle n'a jamais voulu expliquer sur quoi portait ce mandat destiné à la défense d'un membre du TAQ, selon les documents explicatifs des crédits du ministère de la Justice. En commission parlementaire, il y a deux semaines, elle expliquait «hypothétiquement» que si elle avait été en cause personnellement, elle aurait demandé avis aux emplois supérieurs au conseil exécutif. Or le conseil exécutif avait confirmé à La Presse qu'elle avait pris avis à ce sujet auprès de la sous-ministre Madeleine Paulin, maintenant à la retraite.

Dans son communiqué, hier, le ministre St-Arnaud rappelle «qu'il n'a toujours pas eu réponses à toutes ses questions sur ce contrat dont il est imputable et qu'il n'écarte aucune démarche pour obtenir les éclaircissements nécessaires à ce sujet».

Dans sa lettre de démission, Me de Kovachich n'a pas manqué de piquer le ministre de la Justice, rappelant que «la Cour supérieure a émis de manière exceptionnelle des ordonnances d'anonymat des parties, de huis clos, de non-publication et de mise sous scellé du dossier». En dépit des ordonnances, un débat «politique et médiatique, auquel participe le ministre de la Justice, se déroule mettant en cause l'indépendance du Tribunal et de sa présidence». Pour Me de Kovachich, le ministre devrait «baliser tant ses interventions publiques que l'exercice de ses responsabilités, dans l'observance des ordonnances de la Cour supérieure».

La semaine dernière, à Trois Rivières, Me de Kovachich avait essuyé une rebuffade cinglante des membres de la section des affaires sociales du TAQ. Après qu'elle eut soutenu que les moyens de pression des juges du TAQ avaient compromis la réputation du tribunal, l'un des participants lui aurait rétorqué carrément que toute la controverse autour de ce mandat mystérieux avait bien davantage mis à mal l'image du tribunal.

Nomination controversée

Dans son communiqué, le ministre St-Arnaud explique qu'il avait un choix «limité» pour nommer un suppléant. Il lui fallait choisir un des vice-présidents et il a retenu Matthieu Proulx, un ancien chef de cabinet du ministre de la Justice sous Jacques Parizeau, Paul Bégin. Me Proulx est membre du TAQ depuis 1997, nommé vice-président en 2011, «pleinement qualifié pour assurer cette fonction temporaire», observe le ministre dans son communiqué.

Il nie par ailleurs que la sous-ministre de la Justice ait, quelques jours avant la démission de Me de Kovachich, rencontré les vice-présidents du TAQ, contrairement à ce qu'indiquait La Presse, hier.