Au moment même où les gardiens de prison se plaignent des impacts négatifs du manque d'effectifs sur la sécurité en milieu carcéral, des compressions budgétaires à la prison de Sorel mettent en péril les visites de contrôle à des centaines de détenus qui purgent leur peine dans la communauté selon des conditions strictes, a appris La Presse.

Un mémo interne du ministère de la Sécurité publique envoyé le 8 février à tous les employés de la prison annonce que les heures allouées à de telles visites seront réduites de moitié. Cela s'ajoute à d'autres restrictions survenues l'an dernier, qui ont fait passer de quatre à deux le nombre d'agents affectés à cette tâche pour toute la Montérégie. Ces deux employés, qui travaillaient à temps plein en milieu ouvert, feront dorénavant la moitié de leurs heures en milieu fermé.

Conséquence: selon nos sources, il n'y a pratiquement plus de vérification à domicile sur la Rive-Sud de Montréal. Ce serait pire le soir.

Les agents se rabattent sur la vérification téléphonique, qui comporte des failles puisque certains détenus feraient transférer les appels sur leur cellulaire, pour donner l'impression qu'ils sont chez eux. En tout, ce sont plusieurs centaines de criminels qui sont «touchés» par ces compressions.

«C'est un problème qu'il faut prendre sérieusement», prévient le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, Stéphane Lemaire.

«Il y a toutes sortes de gens avec toutes sortes de condamnations qui purgent des peines avec sursis, dont des pédophiles. Ça pourrait être votre voisin.»

Au ministère de la Sécurité publique, on assure que des visites à domicile sont toujours au menu et que les vérifications téléphoniques ont été intensifiées.

«On calcule une baisse de 4% des peines avec sursis et on prévoit une autre baisse avec la Loi sur la sécurité des rues et des communautés», dit le porte-parole Clément Falardeau pour justifier les coupes. Une réorganisation semblable à celle mise en place à Sorel a aussi lieu dans les autres régions.