Le Barreau du Québec fait d’une pierre deux coups en annonçant jeudi l’ouverture d’une nouvelle clinique juridique offerte par ses étudiants. Il souhaite ainsi aider la population et mieux former les futurs avocats.

Pendant l’hiver, le Barreau du Québec a testé la nouvelle mouture de sa formation des nouveaux avocats : le projet-pilote d’une clinique juridique.

Pendant 19 semaines, 273 personnes ont reçu des conseils juridiques gratuitement par 55 étudiants accompagnés de 15 superviseurs.

Fort du succès de ce projet-pilote, le Barreau lance officiellement sa clinique juridique jeudi. L’idée est venue lors de la refonte de la formation du Barreau, obligatoire pour tous les futurs avocats du Québec.

« On a combiné ça avec une volonté réelle de mettre en œuvre des solutions pour l’accès à la justice », explique MCatherine Ouimet, directrice générale du Barreau.

L’idée d’une clinique juridique gratuite est gagnante sur tous les fronts, selon elle. Pour les étudiants, elle permet de combiner la théorie avec la pratique. De se confronter – souvent pour la première fois – à des clients réels. Le tout sous une supervision étroite.

« Avant, dans la formation, on travaillait avec des études de cas, donc les étudiants ne rencontraient pas la personne. Il n’y avait pas l’aspect plus spontané [d’une rencontre avocat-client] », illustre MOuimet.

C’est d’ailleurs ce qui a frappé Jade Normandeau, étudiante du Barreau qui a participé à la clinique juridique l’hiver dernier. « On sait qu’on doit interagir avec l’humain, mais j’ai réalisé que c’est des problèmes qui viennent chercher [les clients] vraiment profondément, observe-t-elle. On dirait que je n’avais pas vraiment saisi l’ampleur de combien c’est émotif pour ces personnes-là. »

Une fois la formation du Barreau terminée, les étudiants doivent ensuite effectuer un stage de six mois. Jade Normandeau, qui espère exercer en droit criminel, s’y sent mieux préparée en ayant déjà travaillé avec des clients réels.

Les superviseurs du Barreau observent aussi une différence chez les étudiants qui ont participé à la clinique, affirme MOuimet. « Ils nous confirment que les étudiants sont beaucoup mieux préparés, en entrevue, entre autres à ce qui se passe dans une relation avocat/client. »

Favoriser l’accès à la justice

Rénovictions, vols de voiture, garde partagée, pension alimentaire : les étudiants de la clinique juridique ont pu aider leurs clients avec des problèmes juridiques variés.

Pour l’instant, ils peuvent offrir des conseils juridiques, mais pas défendre leurs clients devant les tribunaux.

« Il y a des opinions juridiques, de la rédaction, de la préparation pour des auditions au besoin, et tout l’aspect stratégique qui peut être fait par des étudiants et des superviseurs », détaille MOuimet. « On est en prévention, donc on aide la justice à mieux performer, ou à être plus efficace. »

D’ici quelques années, le Barreau espère élargir encore la clinique juridique pour permettre aux étudiants de faire l’expérience de l’accompagnement en cour.

L’objectif est surtout d’élargir l’accès à la justice au Québec, souligne MOuimet. Au total, ce sont 5000 clients par année qui pourront bénéficier des services de la clinique, grâce au soutien de 1500 étudiants. « Ça va faire une différence dans le système juridique », estime-t-elle.

Ces clients sont ceux qui sont trop aisés pour avoir accès à l’aide juridique, mais trop pauvres pour se payer un avocat. « La gratuité, c’est quelque chose qui a été vraiment important dans le fait que les gens sont venus nous voir, rapporte MOuimet, en se basant sur les conclusions du projet-pilote. Au total, 52 % des gens ont consulté parce que c’était gratuit. Et 53 % des gens n’auraient pas consulté d’avocat s’ils n’avaient pas eu accès à la clinique. »

La clinique sera offerte en personne ou par visioconférence dans quatre bureaux du Barreau du Québec à Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau, dès l’automne prochain.