Six anglophones, appuyés par l’ex-députée libérale Marlene Jennings, ont déposé mercredi matin une autre poursuite contre la loi qui a modifié la loi 101 et apporté des changements importants à la Charte de la langue française.

La loi 14 (ancien projet de loi 96) a été promulguée en mai 2022. Plusieurs règlements et lois ont ainsi été modifiés. Des changements en éducation – des cours de français obligatoires additionnels dans les cégeps anglophones, un plafond d’inscriptions dans ces institutions – de même que de plus hautes exigences de français pour les entreprises et en matière d’affichage, entre autres choses, ont ulcéré bon nombre d’anglophones.

En conférence de presse devant le palais de justice de Montréal mercredi, Andrew Caddell, qui est l’une des six personnes qui poursuivent le gouvernement, se dit conscient que ce sera « David contre Goliath » .
« Dans un monde idéal, nous n’aurions pas à contester cette loi, qui n’aurait pas dû passer », a-t-il déclaré.
« On peut promouvoir une langue sans éliminer les voix de l’autre », a-t-il poursuivi.

Pour sa part, Me Michael Bergmann estime que cette loi est bien davantage qu’« une question de langue française, de bilinguisme ou d’identité ». Il s’agit ici, à son avis, de protection des droits et libertés individuels.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Me Michael Bergmann et Andrew Caddell

Marlene Jennings, aussi présente à la conférence de presse, a entre autres fait valoir que lorsqu'elle consulte un médecin – et ce, même si elle maîtrise très bien le français, précise-t-elle - elle juge important « de lui parler en anglais pour être certaine que j’ai tout compris et que le médecin a bien compris ».

Andrew Caddell a aussi insisté au micro sur cette nécessité de recevoir des soins de santé en anglais.
Mais la loi 14 n’interdit pas aux médecins de parler à leurs patients en anglais, a-t-on soumis à M. Caddell.
Il a répondu c’est néanmoins là l’une des peurs de la communauté anglophone, ajoutant que si cette question des soins de santé en anglais a été abordée par lui et par Mme Jennings au micro, la contestation ne l’aborde pas.

Tout en précisant que certains aspects de la nouvelle loi ne l’embêtent pas, comme les cours de français additionnels qui seront imposés dans les cégeps anglophones, M. Caddell dit refuser d’être traité comme « un citoyen de seconde classe » et de devoir se battre pour recevoir des services gouvernementaux en anglais. Ça, il ne le conçoit pas.

Il s’agit au moins de la cinquième contestation de la loi 14, l’avocat Julius Grey, de même que des Autochtones, ayant déjà déposé leurs propres procédures.