L’arrestation d’un entraîneur et enseignant, Bryan Mayer, pour divers crimes sexuels, a provoqué une onde de choc dans la région de Lanaudière. Jusqu’à présent, quatre victimes présumées se sont manifestées à Terrebonne, Mascouche et Laval, et la police s’attend à en identifier davantage dans les jours à venir.

Ce qu’il faut savoir

Bryan Mayer, 52 ans, est un entraîneur sportif et enseignant au secondaire ayant entraîné « plusieurs équipes sportives » dans la région de Lanaudière. Il a notamment enseigné à l’école L’Odyssée-des-Jeunes de Laval.

Il a été arrêté mardi par la police de Terrebonne. Onze chefs d’accusation ont été déposés contre lui, dont agression sexuelle.

Les faits reprochés seraient survenus « entre 2006 et aujourd’hui », soit sur une période d’environ 17 ans.

Quatre victimes présumées se sont pour l’instant manifestées à la police.

Dans le milieu du sport, l’annonce de l’arrestation de Bryan Mayer a eu l’effet d’une bombe depuis mardi. « Ça m’a scié les jambes quand j’ai appris ça. Il a toujours été impliqué dans le milieu du hockey mineur. Il coachait des équipes pee-wee quand il était très jeune. C’est un gars qu’on voyait très souvent à l’aréna, et il arbitrait aussi au baseball », témoigne un entraîneur qui l’a côtoyé à plusieurs reprises par le passé.

Mardi, 11 chefs d’accusation ont été portés contre Bryan Mayer, dont agression sexuelle, contacts sexuels, incitation à des contacts sexuels, voyeurisme et harcèlement criminel. Toutes ses victimes présumées sont des personnes d’âge mineur.

« On avait des règles strictes pour diriger les équipes. Personne ne pouvait être seul dans le vestiaire avec les jeunes. Je n’ai jamais vu de signaux, et si j’en avais vu, évidemment que j’aurais posé des questions », ajoute cette source, qui préfère conserver l’anonymat par crainte de représailles professionnelles.

L’entraîneur se souvient que M. Mayer organisait régulièrement des « séances vidéo » chez lui, avec des joueurs, dans une optique de formation. À l’époque, aucun drapeau rouge n’avait été levé ni signalé. Dans la communauté de Terrebonne et de Lanaudière, « c’est la consternation totale », ajoute l’entraîneur.

Il était censé arbitrer un match de baseball mardi soir, mais le match a été annulé parce que l’arbitre a été arrêté. Tu ne vois pas ça souvent, disons.

Un entraîneur qui a côtoyé Bryan Mayer à plusieurs reprises par le passé

« Je ne m’en serais jamais douté », renchérit un ancien arbitre dans la région de Lanaudière qui l’a côtoyé dans les dernières années lorsque M. Mayer était arbitre en chef au baseball. « C’était quelqu’un de chaleureux, de sympathique quand tu le rencontres […] C’est désolant. Ça fait peur », dit l’homme qui garde également l’anonymat par crainte de représailles.

Une autre source ayant côtoyé l’accusé dans sa jeunesse, alors qu’il était bénévole dans le hockey mineur vers la fin des années 1990, indique que M. Mayer « était très impliqué et très disponible auprès de certains enfants dont les parents étaient très occupés, pour faire des lifts notamment ». « Si le moindrement on avait eu vent d’un comportement inadéquat, on aurait agi », assure cette personne.

Exclu depuis le 31 mars

Au centre de services scolaire de Laval, la directrice adjointe du secrétariat général, Annie Goyette, confirme que Bryan Mayer a été relevé de ses fonctions à l’école L’Odyssée-des-Jeunes « dès la connaissance des faits, le 31 mars », il y a donc près de deux mois. « On a découvert des éléments d’enquête sur lesquels on devait continuer à travailler. C’est la raison pour laquelle il a été arrêté [mardi] ultimement, mais que l’enquête a débuté il y a un certain temps », précise à ce sujet le capitaine aux affaires publiques de la police de Terrebonne, Vincent Charbonneau.

Les faits reprochés seraient survenus entre 2006 et aujourd’hui, soit sur une période d’environ 17 ans.

Avec tous ses liens d’emploi, son implication au niveau scolaire et sportif et sa façon d’opérer, on s’attend à ce qu’il y ait d’autres victimes. Il utilisait sa position d’autorité pour se rapprocher des jeunes et ensuite commettre des actes à caractère sexuel.

Vincent Charbonneau, capitaine aux affaires publiques de la police de Terrebonne

Il affirme d’ailleurs que la police de Terrebonne reçoit « beaucoup de messages et de questionnements » de parents d’élèves et d’anciens élèves depuis la publication de son arrestation, mardi. D’autres personnes pourraient donc vraisemblablement se manifester dans les prochains jours. « Les centres de services scolaires ont aussi mis des cellules de crise en place. On va voir ce qui va en sortir », évoque le capitaine, qui promet que le corps policier fera une mise à jour du dossier « dès que possible ».

« L’omerta et l’impunité, ça doit cesser »

« Il est triste de voir qu’on doit attendre que des décennies s’écoulent avant qu’on entende parler de ces histoires », déclare la co-coordonnatrice du collectif « La voix des jeunes compte », Clorianne Augustin.

Le collectif milite depuis plusieurs années pour une loi-cadre pour prévenir et combattre les violences sexuelles en milieu scolaire, comme c’est déjà le cas dans les cégeps et les universités. « Tous les jeunes ont le droit d’étudier dans un environnement sain et sécuritaire. L’omerta et l’impunité, ça doit cesser, dit-elle. On le doit aux prochaines générations. »

À l’Assemblée nationale, mercredi, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a refusé de s’engager à adopter une loi-cadre, comme le réclament les partis de l’opposition. « On est tous écœurés de toutes ces histoires qui se multiplient. […] Il y a un certain nombre de mesures qui ont été mises en place, on va voir comment ça fonctionne. Et s’il faut en ajouter d’autres, on en ajoutera d’autres », a-t-il dit. Son cabinet refuse toutefois de dire si le brevet d’enseignant de l’accusé sera révoqué, à ce stade.