Professeurs et entraîneurs arrêtés, prolifération des cas de leurre en ligne, multiplication des procès : la hausse marquée des affaires à caractère sexuel est alimentée par une vague de dénonciations chez les jeunes, révèlent de nouvelles données du ministère de la Sécurité publique colligées par La Presse.

Les jeunes surreprésentés

Les femmes continuent à représenter la majorité des victimes (82 %) d’agressions sexuelles. Mais les données du Ministère notent que les jeunes de 12 à 17 ans sont nettement les plus touchés par le phénomène. En 2021, pas moins de 2682 jeunes ont porté plainte pour de telles infractions. C’est deux fois plus que cinq ans auparavant, où ils étaient moins de 1200 jeunes à avoir dénoncé de tels gestes. Les 12 à 14 ans représentent d’ailleurs le groupe d’âge le plus touché, avec un taux de 1032 victimes pour 100 000 personnes. Ceux-ci risquent d’ailleurs particulièrement d’être visés par du leurre ou la publication sans leur consentement d’images intimes.

Les agresseurs, aussi des jeunes

Si « la grande majorité des auteurs d’infractions sexuelles » sont d’âge adulte, soutient le Ministère, il prévient toutefois que le taux d’auteurs présumés pour 100 000 personnes est plus élevé chez les jeunes. Chez les 12-17 ans, on compte environ 273 agresseurs présumés pour 100 000 personnes, alors que chez les adultes, en moyenne, ce taux atteint 45,7. « Le constat est le même, que ce soit pour les agressions sexuelles ou pour les autres infractions d’ordre sexuel », note le Ministère dans son rapport, en précisant que le taux d’auteurs présumés est plus de quatre fois supérieur chez les jeunes pour les agressions sexuelles et dix fois plus élevé pour les autres infractions d’ordre sexuel.

D’abord dans les résidences

Contrairement à l’idée reçue, les infractions d’ordre sexuel sont nettement moins fréquentes dans la rue, les parcs ou encore les transports en commun. Pas moins de 70,9 % des infractions sexuelles déclarées par les corps de police du Québec ont plutôt « été perpétrées dans une résidence d’habitation », selon les données du Ministère. Du nombre, près de 37 % des agressions et un peu plus de 50 % des autres infractions sexuelles se déroulent dans une maison unifamiliale. Il faut dire que la majorité des auteurs d’infractions sont connus de leur victime (81,7 %). Les établissements d’enseignement, eux, comptent pour tout près de 10 % des infractions de nature sexuelle enregistrées par les autorités, excluant les agressions.

Moins de sept jours

On constate aussi dans le rapport qu’une importante partie des infractions de nature sexuelle sont signalées aux corps policiers « moins de sept jours » après les évènements. Sur une année entière, plus de 70 % des victimes auront dénoncé à la police. D’après le Ministère, les agressions sexuelles ont « tendance à être signalées dans un délai légèrement plus court que les autres infractions d’ordre sexuel, les agressions sexuelles ayant un nombre de jours médian de 30 jours, contre 58 pour les autres infractions d’ordre sexuel ». À l’inverse, les infractions d’inceste sont souvent signalées plus d’un an après les évènements, à savoir 58,1 % des dossiers déclarés à la police en 2021.

Sur la Côte-Nord, un phénomène marqué

C’est la Côte-Nord qui recense le taux d’agressions sexuelles le plus élevé en 2021, avec 154,6 cas pour 100 000 personnes. L’Abitibi-Témiscamingue arrive deuxième avec 139,6 agressions dans la même proportion. Ce sont d’ailleurs ces deux mêmes régions « qui comptent les taux les plus élevés d’autres infractions d’ordre sexuel, soit 178,9 et 130,2 respectivement », soutient le gouvernement. À noter : c’est toutefois le Saguenay–Lac-Saint-Jean qui a connu la hausse « la plus importante » du taux d’infractions sexuelles entre 2020 et 2021, passant de 128,7 à 197,5 pour 100 000 habitants.