Un chauffard qui participait vraisemblablement à une course de rue en pleine nuit à Montréal a reconnu avoir tué un père de famille en brûlant un feu rouge à grande vitesse en 2020. Le coupable mérite une longue peine de prison pour son crime, plaide la conjointe de la victime.

« Il a pris la vie d’un père, d’un mari. Je pense qu’il devrait purger une longue peine de prison pour penser à ce qu’il a fait. Il est en liberté depuis deux ans et passe du temps avec sa famille. Nous, on ne peut plus faire ça maintenant », a confié à La Presse Victoria Billingy, la conjointe de Kevin Jones-Bynoe.

Le père de 32 ans est mort quelques jours seulement après avoir célébré le premier anniversaire de son fils, raconte Victoria Billingy avec amertume. « C’était un bon père, qui prenait soin de son fils. Je veux qu’on se souvienne de lui pour qui il était », poursuit-elle.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE VICTORIA BILLINGY

Kevin Jones-Bynoe et son fils

Ilias El Azali, un Montréalais de 30 ans, a plaidé coupable, le 9 décembre dernier, d’avoir causé la mort de Kevin Jones-Bynoe en conduisant de façon dangereuse et d’avoir omis de s’arrêter après la collision survenue dans la nuit du 8 novembre 2020. Son dossier était de retour en cour jeudi dernier en vue des observations sur la peine, prévues en mai prochain.

Les images de l’accident déposées en preuve sont aussi saisissantes que violentes. On peut y voir le taxi blanc conduit par Carl Lamarre circuler à vitesse normale rue Genest, à Cartierville. À bord se trouve son client, Kevin Jones-Bynoe, devenu père il y a quelques mois. Il est alors 2 h 42 du matin.

Le feu de circulation est au vert pour le taxi qui traverse ainsi l’intersection de la rue De Salaberry, non loin de l’hôpital du Sacré-Cœur. Le chauffeur et son passager ignorent alors qu’un autre conducteur, Ilias El Azali, s’apprête à brûler le feu rouge à près de 200 km/h à bord de sa Hyundai Genesis.

L’impact est d’une extrême violence. Le taxi est fauché à l’arrière, du côté passager, puis part en vrille, percutant des véhicules stationnés, puis une clôture. Kevin Jones-Bynoe n’a eu aucune chance. Le chauffeur du taxi, Carl Lamarre, s’en est tiré presque indemne, obtenant son congé de l’hôpital le jour même.

Après l’accident, le conducteur, Ilias El Azali, est sorti de son véhicule, puis a embarqué dans une berline bleue conduite par un complice non identifié. Mais 190 mètres plus loin, la berline s’est immobilisée. On peut voir sur les caméras Ilias El Azali courir vers son véhicule endommagé pour récupérer un objet. Il est ensuite retourné dans la berline qui est repartie en trombe.

« La preuve technologique démontrera qu’un téléphone a été débranché du véhicule au même moment », indique le résumé des faits.

Selon les témoins, le véhicule de M. El Azali et la berline bleue roulaient à 180 km/h dans la rue De Salaberry en direction ouest.

Après la collision, le Service de police de la Ville de Montréal a évoqué une « dangereuse course de rue ». Les policiers ont d’ailleurs demandé l’aide du public pour identifier le chauffard.

« Les gens devraient faire attention. Je pense que si les conséquences étaient plus sévères, peut-être que les gens y repenseraient deux fois avant de faire ça », soutient Victoria Billingy.

Quelques heures après la collision, les policiers se sont rendus au domicile d’Ilias El Azali. Celui-ci a déclaré aux enquêteurs s’être fait voler son véhicule. Toutefois, son véhicule n’a jamais été déclaré volé. Une perquisition a eu lieu en décembre 2020, mais c’est seulement en février 2022 que M. El Azali a fait l’objet d’accusations criminelles.

MPierre-Olivier Bolduc représente le ministère public, alors que MStéphanie Basso défend l’accusé.