Un homme accusé d’avoir agressé sexuellement à de multiples reprises une fille de 11 ans de son entourage a clamé son innocence lundi. Miguel Antonio Abarzua Poblete accuse sa dénonciatrice de l’avoir menacé de déposer une fausse plainte contre lui s’il refusait de payer son opération de chirurgie esthétique.

« Elle s’est fâchée. Elle était vraiment complexée et elle avait peur de perdre son copain. Elle voulait une chirurgie esthétique. Si je ne la rappelais pas, elle irait faire une plainte sexuelle. [Elle disait] : ‟Je suis complètement désespérée. Tu as jusqu’à demain pour me donner une réponse, sinon je vais ruiner ta vie” », a expliqué lundi au jury l’homme de 42 ans.

Miguel Antonio Abarzua Poblete est accusé d’agression sexuelle, de contacts sexuels et d’incitation à des contacts sexuels sur une mineure sur une période de plusieurs années. Au début du procès, la plaignante, Victoria*, a détaillé les abus extrêmement dégradants que « Miguel » lui a fait subir, alors qu’elle avait 11 et 12 ans.

« Ce que j’ai vécu, c’est dégueu. C’est dégueulasse. C’est injuste. On m’a volé mon enfance », avait confié l’adolescente de 16 ans, en larmes.

Victoria a raconté au jury plusieurs épisodes distincts de relations sexuelles brutales et dégradantes, dont une fois où l’accusé a célébré la perte de la virginité de l’adolescente. Elle a notamment relaté avoir été agressée dans le garage où travaillait l’accusé.

« Il m’a dit : ‟Lève-toi”. Il m’a poussée vers la table. […] Ça faisait mal. Je voulais qu’il arrête. Il disait que j’étais faible. Il disait : ‟C’est rien, tu vas t’habituer” », avait décrit Victoria.

« Non », « non », « non » : Miguel Antonio Abarzua Poblete a nié en bloc chacune de ces agressions alléguées. Il n’a jamais commis de gestes sexuels envers la jeune fille, a répété en espagnol l’homme d’origine chilienne.

Pendant une bonne partie des faits allégués, entre juillet 2018 et mai 2020, Miguel Antonio Abarzua Poblete souffrait de la balanite – une maladie attrapée pendant un voyage à Cuba – qui l’empêchait d’avoir plus d’une relation sexuelle par mois, selon ses dires. Il a été opéré en mai 2020 pour subir une circoncision du pénis.

En 2020 et 2021, Miguel Antonio Abarzua Poblete affirme qu’il parlait très peu avec Victoria, soit environ entre une fois par mois et une fois tous les deux mois. Le 1er février 2021, c’est lui qui a appelé Victoria. C’est lors de cet appel de 23 minutes que l’adolescente lui aurait demandé de payer son opération esthétique.

« Elle m’a parlé de ses problèmes avec son copain, qu’elle voulait avoir une chirurgie esthétique. Sa mère a dit non. Elle m’a parlé d’argent, si je pouvais lui prêter de l’argent pour faire la chirurgie esthétique », relate l’accusé.

Cette menace, Miguel Antonio Abarzua Poblete ne l’a pas prise « très au sérieux ». « C’était un problème d’adolescente », résume-t-il.

En contre-interrogatoire, au début du procès, Victoria a nié avoir demandé de l’argent ou avoir parlé de chirurgie esthétique avec l’accusé.

Victoria soutient avoir été agressée sexuellement à deux reprises dans le garage où travaillait l’accusé. S’il nie avoir commis de tels gestes, Miguel Antonio Abarzua Poblete convient qu’il s’est déjà retrouvé seul avec l’adolescente dans le garage à deux occasions en 2017 et en 2019.

Quelques jours après que Victoria eut révélé à ses proches avoir été agressée, le frère de Victoria a contacté l’accusé par message texte. « Ton secret avec [Victoria], ce n’est plus un secret », a-t-il écrit « Quel secret ? Quel est le problème », a alors répliqué l’accusé. Devant le jury, l’accusé assure qu’il ignorait alors la nature du « secret ».

Son témoignage se poursuit mardi.

MHussein Hassan et MNadine Haviernick représentent le Directeur des poursuites criminelles et pénales, alors que MMarc Labelle et MClaudia Doyle défendent l’accusé.

* Prénom fictif